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Le blog de Théophile Kouamouo
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1 avril 2007

Ainsi donc, c’est Soro !

C'est officiel depuis la fin de la semaine dernière : Guillaume Soro, jusqu'ici chef visible de la rébellion, est devenu le septième Premier ministre de Côte d'Ivoire. La signature, par le président Laurent Gbagbo, de son décret de nomination, est venue mettre fin à toutes les conjectures, intrigues et manoeuvres alimentées par les forces qui croyaient pouvoir rendre réversible le mouvement engagé par le "dialogue direct" et les accords de Ouagadougou.

La nomination de Guillaume Soro, finalement saluée par les différents acteurs de la "communauté internationale" (y compris une France officielle qui se la jouait un peu grincheuse), vient consacrer, sans conteste, la victoire politique et diplomatique du président Laurent Gbagbo, qui est le "père" de cette nouvelle formule de gouvernance, et a réussi à reprendre l'initiative - laquelle lui avait été arrachée à Linas-Marcoussis par des dirigeants français "omniscients et naïfs".

Ceci dit, peut-on affirmer mordicus que cette arrivée de Soro à "la Cage" marque la fin des problèmes pour une Côte d'Ivoire désormais engagée sur la voie royale de la paix sans accrocs ? Non, pas vraiment. On est toujours dans un poker menteur. Elle est certes moins imprévisible puisque le président ivoirien est reconnu comme le maître du jeu, mais c'est bien d'une partie de poker menteur qu'il s'agit.

Pour mieux entrevoir ce qui nous attend dans les prochains mois, la meilleure méthode reste de sonder la personnalité et les intentions de Guillaume Soro. Qui est ce jeune homme né en 1972, aujourd'hui orphelin de père et de mère, papa de quatre enfants, syndicaliste étudiant transformé en maquisard, puis en ministre d'Etat absentéiste, et finalement en chef de gouvernement sans expérience professionnelle ? Qu'est-ce qui le fait courir ?

Au regard de son parcours, on peut dire qu'un des traits dominants du nouveau Premier ministre est qu'il est ambitieux. Son itinéraire montre qu'il a très vite voulu capitaliser au maximum ses heures de gloire à la FESCI. Son ralliement à Alassane Ouattara, qui a marqué dès 1999 son passage de la gauche à la droite, est à cet égard assez significatif. Choisir Ouattara contre Gbagbo en ces temps-là, c'était prendre une option plus confortable, plus sûre, mieux financée. La détermination de celui qui n'était au début que le "porte-parole" du MPCI à prendre la tête de la rébellion - contre IB et certains chefs de guerre -, puis la tête du G7 - devant les "doyens" Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, dont il était la marionnette servile -, nous informent sur la nature profonde d'un jeune loup aux dents si longues qu'elles rayent littéralement le plancher.

Guillaume Soro est amoral, sans scrupules, sans fidélité, outrageusement manipulateur. S'il avait des scrupuls, il n'aurait pas renié toute l'histoire politique dont il est issu pour devenir le bras armé de la Françafrique la plus criminelle. Il n'aurait pas joué de duplicité pour conduire son ex-boss, IB, derrière les barreaux en France. Il n'aurait pas organisé une épuration digne de la Saint-Barthélémy pour assassiner, souvent sauvagement, les "IBistes" vivant dans la zone sous son contrôle. ll n'aurait pas supervisé le pillage systématique des agences de la BCEAO, durant lequel des importuns voulant se saisir du "magot" ont été tout simplement supprimés. Il n'aurait pas - quoiqu'on pense des nigauds qui le composent - "dribblé" le RHDP et Banny, lors des pourparlers de Ouaga. L'on se souvient de la manière dont les rebelles ont endormi Ouattara et Djédjé Mady, venus dans la capitale burkinabé pour s'assurer que ni eux ni la 1721 ne seraient mis de côté. L'on retiendra longtemps la ritournelle chantée par Sidiki Konaté à Charles Konan Banny, le 8 mars dernier à Korhogo...

Soro avance, uniquement mû par une ambition dont lui-même ne découvre l'ampleur que sur le chemin. Il ne raisonne qu'en termes d'opportunités et de "coups" à jouer. Il ne croit qu'aux rapports de force, qu'il est capable d'analyser froidement. Vu sous cet angle, il a plus de sens politique qu'un Charles Konan Banny complètement fantasque,embrumé dans des considérations affectives comme son "sang bleu" ou les paroles murmurées des petits marquis de l'Elysée. Il peut comprendre, au cas où la tectonique interne et géopolitique qui fait trembler la terre ivoirienne confirme la "fissuration" du bloc anti-Gbagbo, qu'une ère doit se fermer et qu'une autre doit s'ouvrir. Il peut avoir la lucidité de savoir que le "complexe de la rébellion" qu'il reproche à ses alliés du RHDP n'est que l'intériorisation des tabous structurant une société ivoirienne fondamentalement pacifique. Il peut comprendre que pour avoir quelques chances de se faire pardonner, il doit arrêter le massacre et "arranger" ce qu'il a contribué à "gâter".

Mais Guillaume Soro est un rebelle, avec tout ce que cela comporte de réflexes, y compris irrationnels et suicidaires. Dans une interview d'avant sa nomination, il évoquait, pour préparer l'opinion pro-rebelle à accepter la nouvelle option, l'exemple du Congo-Brazzaville de Pascal Lissouba. Dans "la gueule du loup", Sassou et ses milices avaient mis le feu à la capitale et renversé le président élu. Cette étrange référence - à laquelle Jean-Pierre Bemba avait sans doute pensé il y a quelques jours, en engageant un bras de fer avec Joseph Kabila - est le signe que pour "le petit président de Bouaké", prendre la Primature peut représenter une "extension du domaine de la lutte". La paix n'a jamais été aussi proche, mais l'angélisme consistant à voir dans la démarche de Soro celle du fils prodigue revenant dans sa famille, repentant et confus, ne doit pas être de saison. Les rebelles ne sont pas des gens raisonnables.

soro

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Commentaires
D
Cher Kouamouo,<br /> Chers Bien-aimés Frères et Sœurs,<br /> <br /> <br /> Les indices de la concrétisation de l’Accord de paix de Ouagadougou, signé le 04 Mars 2007, au Burkina Faso, sous les auspices du Président Blaise COMPAORE , et les signes favorables au retour de la paix en Côte d’Ivoire, se multiplient chaque jour sous nos regards médusés et toujours un peu sceptiques :<br /> <br /> - Nomination de SORO Guillaume à la Primature,<br /> - Formation sans heurts du Gouvernement de Transition (avec 80% des ministères de souveraineté au Président GBAGBO ; vraiment magique !) consacrant la mise en touche de l’emprise de Bédié et d’Ado sur le processus de sortie de crise et sur leurs ministres, qui répondent désormais des deux seuls protagonistes officiels de la crise ivoirienne,<br /> - Mise sur pied du Centre de Commandement Intégré (CCI) par les FDS et les FN,<br /> - Négociation pudique de l’ONU auprès du Président GBAGBO pour se trouver un nouveau rôle dans la nouvelle configuration du processus de sortie de crise (le monde tourne à l’envers, les temps ont vraiment changé),<br /> - Prononciation officielle de l’oraison funèbre de la Zone de confiance (véritable mouroir dont l’existence amorale rebute totalement le bon sens humain et la raison mais entretenue, malgré tout, par une France dont le rapport à l’humanité reste, très sérieusement, à reconsidérer),<br /> - Préparatifs de la visite du Président GBAGBO dans les zones anciennement assiégées, confiés au Premier Ministre Guillaume SORO, lui-même,<br /> - Ordonnance du Président de la République portant amnistie des infractions et faits ayant porté atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale.<br /> <br /> Même pour des sceptiques comme nous autres qui sommes encore habités par un brin d’incrédulité, ces indices qu’on peut considérer comme des avancées significatives, sont très parlants et ne manquent pas de nous surprendre, tant la célérité de l’exécution du nouveau pacte de paix est étourdissante.<br /> Au point de susciter chez nous des inquiétudes et des interrogations.<br /> <br /> Première inquiétude : SORO a-t-il vraiment l’adhésion de toute la Rébellion pour entreprendre ce revirement au pas de course ?<br /> Peut-il, honnêtement, avec autant d’assurance (lui qui n’est pas le véritable patron de la Rébellion) et autant de facilité, et à une telle vitesse, liquider tous les intérêts, profits et avantages indûment engrangés par les Seigneurs de guerre du MPCI, dans leurs micro- royaumes du Nord, du Centre et de l’Ouest ?<br /> <br /> Deuxième inquiétude : Si oui, un tel unanimisme peut-il ne rien cacher ? Ou est-ce, simplement, le signe et l’expression de l’essoufflement total d’une Rébellion abusée qui se cherche une porte de sortie honorable ?<br /> Si, en revanche, la réponse est non, alors nous pouvons affirmer sans prendre de gants que SORO Guillaume est en rupture de ban avec ses parrains et qu’il leur impose une paix dont il ne veulent pas, d’autant plus qu’elle consacre, par avance, leur pire ennemi GBAGBO comme le futur vainqueur des prochaines élections présidentielles, puisqu’il sera de notoriété pour les populations qu’il est l’homme par qui la paix est venue. <br /> Se faisant, sa jeune vie risque d’être emportée par un aveugle et violent complot de palais à la congolaise, qui aura aussi le Président GBAGBO pour cible (principale), comme nous le relèvent, de plus en plus, « les grandes oreilles » de la République, qui ont intercepté, récemment, une conversation téléphonique sécrète entre les instigateurs de la crise ivoirienne, dont l’objet était l’organisation d’une nouvelle rébellion, hautement plus sanglante, devant emporter les deux hommes (Conférer le N° 434, Edition du 12 Avril 2007, du quotidien LE MATIN D’ABIDJAN).<br /> <br /> Les jours et mois à venir nous en diront davantage.<br /> <br /> Pour l’heure, prions que la sincérité soit la chose la mieux partagée à la tête de l’Etat et souhaitons que SORO Guillaume veuille vraiment tourner cette page noire de sa vie qu’a été la Rébellion, sans calcul ni arrière pensée, en retournant (irréversiblement) dans la République qui reste et demeure de loin sa meilleure protection et sa meilleure garantie de sécurité.<br /> <br /> Que DIEU garde et bénisse la Côte d’Ivoire ! <br /> <br /> <br /> Dindé Fernand <br /> dindefernand@yahoo.fr
P
Je salue l'article. Mais, personnellement j'aimerais que les journalistes rentrent dans "le ventre de la pile" pour nous faire sortir les vrais dessous de cet accord historique.<br /> Mr Soro, (pardonnez moi de l'appeler ainsi: c'est notre nouveau Premier Ministre)a t-il signe cet accord rien que par "ambition politique demesuree" avec le secret espoir d'un coup a la "Sassou"? Personnellement je n'y crois guere.<br /> Cet accord de Ouaga, que je salue bien bas au passage, est la resultante visible mais encore brumeuse pour beaucoup d'un nouveau rapport de force international qui est largement en faveur du President Gbagbo. Et Mr Soro en est bien conscient. Nous aussi. <br /> Mr Soro avait le choix entre venir ou perir. Sa clairvoyance politique l'a pousse a opter pour la seconde alternative. On comprend bien que Gbagbo fut vraiment son mentor d'un temps...Les jeux sont faits! C'est aussi simple que cela.
J
Chers tous, je suis heureux que vous soyez tous inquiets. Mais soyez inquiets pour la Côte d'Ivoire et non pour le fauteuil de M. GBAGBO.Premièrement, Vous connaissez le dicton " Aux Ames bien nées la valeur n'attend point le nombre d'année" ? Je vous de demande de mediter la dessus et secondo, si un rebelle reste un rebelle il faut savoir qu'un roublard reste un roublard. Prions le tout puissant pour qu'il nous amène à la Paix. Car maintenant M.GBAGBO a décidé d'aller à la paix. Mais ne revez pas Gbagbo ne pourra rien contre Soro. Que Dieu Garde la CI
N
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T
Avant de déterminer l'option de sa collaboration avec le président Gbagbo, le petit Soro devrait avoir toujours à l'esprit, que dans cette guerre Laurent Gbagbo a souvent perdu des batailles importantes dans les négociations pour le retour à la paix en Côte d'Ivoire, Mais dans la durée et au finish, Gbagbo a toujours eu raison de la détermination de ses adversaires et de ses ennemis les plus coriaces.Revivez dans vos têtes, comment le président Gbagbo a liquidé Seydou Diarra et Konan Banny! Regardez avec quelle maestria et quelle souveraineté, Gbagbo a mis Chirac, son GTI et l'ONU hors du dossier ivoirien!<br /> Moralité: Gbagbo est comme un porc-épic.qui s'y frotte s'y pique. Et même mortellement, pourrais-je ajouter...<br /> Le petit Soro est prévenu!
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