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Le blog de Théophile Kouamouo
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20 avril 2007

Gbagbo prévoit le réveil de l’Afrique dans dix ou quinze ans

gbagbo_afriqueC’est une interview du président Laurent Gbagbo qui est presque passée inaperçue dans la sphère francophone. Et pour cause : elle a été publiée début avril dans un (très pertinent) mensuel panafricain basé à Londres, New African. Pourtant, le numéro un ivoirien a dit des choses intéressantes face au dictaphone de la journaliste Ruth Tete. S’il a martelé ses positions à propos des origines de la crise – un coup d’Etat qui a échoué et non un problème identitaire de fond –, à propos des concepteurs de Marcoussis, dont l’objectif était de «dépouiller Gbagbo de tous les pouvoirs nécessaires pour gouverner effectivement», à propos de son plan de sortie de crise (qui n’était pas encore bouclé au moment de l’entretien), il a aussi évoqué des questions de fond liées au destin de l’Afrique et à ses relations avec le monde extérieur. En résumé, il explique que la crise ivoirienne lui a révélé un continent qui doute de lui-même et a peur d’avancer sur la route de la liberté ; mais qui est en pleine mutation et pourrait même devenir un recours pour un monde déchiré par diverses confrontations.

Abandonner les accords de défense avec la France pour créer des formules de sécurité collective africaine

Interrogé par Ruth Tete à propos de la France, dont certains disent qu’elle est le problème en Côte d’Ivoire et non la solution, Gbagbo répond diplomatiquement mais clairement : «Nous sommes une ancienne colonie française. A l’aube des indépendances, la France a signé des accords de défense avec ses anciennes colonies, mais aussi des accords de coopération militaire. J’étais dans la droite ligne de ces accords quand j’ai demandé à Paris, en tant que chef d’Etat ivoirien, de nous aider à repousser les rebelles en 2002. Mais la France n’a jamais accepté notre requête. Mais l’année dernière, comme nous l’avons vu au Tchad et en République centrafricaine, la France a accepté d’intervenir en faveur de certains gouvernements dans la ligne de ces mêmes accords de défense et de coopération militaire. A vous de juger. Cela ne nécessite aucun commentaire.»

Mais Gbagbo ne s’arrête pas à la dénonciation de ce «deux poids deux mesures». Le chemin initiatique qu’a été la crise ivoirienne lui a visiblement permis de faire des constats et d’imaginer des solutions. «Je pense que les Africains ont trop peur d’être libres. Ils ont la capacité d’être libres mais ils ignorent leur potentiel. Chaque pays africain francophone, par exemple, a des accords de défense avec la métropole (France), alors que nous pouvons signer les mêmes accords entre nous-mêmes, nous pouvons mettre en place des mécanismes de résolution de conflit nous-mêmes. (…) La crise ivoirienne m’a révélé que les Africains se sous-estiment et n’ont pas confiance en eux. Le temps est venu pour les Africains d’avoir confiance en eux, de prendre leur destinée en main. Le temps est venu pour l’Afrique d’avoir des partenaires et non des maîtres. Et cela est possible !» 

Comment l’Afrique peut-elle sortir du piège qui fait d’elle uniquement une pourvoyeuse de matières premières pour les autres ? Gbagbo évoque des pistes de solution fondées sur la solidarité continentale. «La Côte d’Ivoire est, par exemple, le premier producteur de cacao, mais nous contrôlons pas le marché du cacao. Ce n’est pas normal. Si l’Afrique introduisait une taxe sur la production de pétrole et de gaz pour créer un fonds de solidarité, nous pouvons réaliser beaucoup de grands projets. Mais les Africains préfèrent aller chercher de l’argent à la Banque mondiale et au FMI. Sur chaque baril de pétrole, nous pouvons mettre de côté 5 ou 10 dollars. Sur chaque tonne de cacao, café, sur le diamant, l’or, nous pouvons déduire des taxes pour créer une banque dédiée au développement de l’Afrique. Nous ne l’avons pas encore fait parce que nous n’avons pas confiance en nous, alors que dans les grandes institutions de financement dans le monde, ce sont les jeunes Africains qui sont à des postes de responsabilités. Ils sont bons pour gérer les fonds des autres mais quand vous leur demandez de mettre sur pied et de gérer un tel fond pour les Africains, pour nous-mêmes, ils ne seront pas assez en confiance pour le faire. C’est la raison pour laquelle j’appelle les Africains à se réveiller.» 

Malgré ces constats, Gbagbo est visiblement assez optimiste pour le continent. Un continent qu’il voit en transition. «Nous, Africains, souffrons aujourd’hui parce que nous sommes à la croisée des chemins. La première génération de leaders africains est sur la route de sortie. Ce sont les pères fondateurs des indépendances et leurs successeurs immédiats. Mais la nouvelle génération de leaders n’est pas encore totalement arrivée au pouvoir, et donc nous sommes à un carrefour. Cela explique pourquoi nous avons souvent des frictions entre nous. Mais donnez à l’Afrique dix ou quinze ans, et vous verrez qu’avec le temps, l’Afrique parle d’une seule voix harmonieuse.»

Gbagbo imagine même l’Afrique, dans un futur plus ou moins proche, dans un rôle de stabilisatrice d’un monde fragmenté par des conflits de tout genre. «Quand je regarde devant, je vois des dangereuses confrontations entre les Etats-Unis et la Chine. Pour le moment, il s’agit de problèmes commerciaux et j’espère que ces antagonismes resteront commerciaux. Mais j’ai peur que demain ils se transforment en quelque chose d’autre. Je crois que les Africains pourraient jouer un rôle stabilisateur dans le monde au lieu d’être relégués dans un rôle de colonies. Les Africains ne sont pas suffisamment conscients de l’importance de leur rôle dans le monde.»

Certains observateurs affirment que, s’il est réélu, le président Gbagbo se donnera les moyens d’avoir une voix diplomatique forte, dans la droite ligne de la renaissance africaine. Est-il déjà en train de préparer cette inflexion, après être passé par le feu d’une guerre qui a duré près de cinq ans ? Le débat est ouvert.

Le réveil de l’Afrique ? Dans dix ou quinze ans…

Economie : comment l’Afrique peut se développer par elle-même

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Commentaires
Z
Merci mon frère,d'avoir pris conscience des mensonges deversés sur LG Koudou.Ce que je voudrais ajouter sur ce que vous venez de dire est que la construction d'un projet aussi grandiose que le pipeline de Doba à Kriby a nessecité un lourd investissement.Mais ce qui est effarent dans cette histoire est le fait que pour acheminer les pipelines il fallait construire une route.Pourquoi ne pas profiter de cela pour faire d'une pierre deux en faisant en sorte que cette voie soit bitumée en autoroute ou dans le pire des cas en une bonne route bien bitumée pour desaclenver une region qui en a bien besoin.Avec tous les travaux qui se faisaient sur le tronçon;combien auraient couté le reprofilage et le bitumage de cette route en une bonne voie inter etat et aujourd'hui quelles seraient les benefices des populations de ces deux pays et de toute la sous region.Car ces genres de chantiers financés par la banque mondiale et le fmi ne prennent jamais en compte ce qui peut faire le bonheur des populations en AFRIQUE . Ce n'est pas dans leurs interets .Et que font nos dirigeants? Rien ,rien .Ce n'est pas non plus dans l'interet de nos dirigeants car ils ne sont pas là pour leurs peuples mais seulement dans l'interet du bwana qui cherche le bonheur de sa generation du FUTUR.<br /> Alors Dirigeants Africains ,Je vous demande de continuez à sacrifier les notres pour contruire le bonheur de ceux qui ne sont pas encore née du nord. La postérité de ceux du nord se souviendra de vous . MERCI
X
A un français qui disait à un des employés qu'il ressemblait à un singe j'ai répondu ceci :"le singe sous ses poils est blanc, il à la même couleur que toi".Il a dit "je blaguais", j’ai répondu "je blagues aussi"<br /> Un black, un white. « Un homme de couleur », « un peau gras ».Un négro, un blanco. Ne croyez surtout pas que vous avez le monopole du racisme que je condamne avec la dernière énergie. Les africains aussi sont très racistes<br /> <br /> l'époque dé « missié bwana » est révolue, acceptez le.
X
Gbagbo est un mauvais nègre. Non malléable et corvéable à souhait, il refuse de dire "oui missié Bwana" "oui missié lé blanc". Et pour cela il faut le replacer par des voyous qui ne demandent qu'a courber l'échine, et laisser piller leur pays en échange de quelques friandises comme au bon vieux temps dé « missié bwana ya bon bamboula ».<br /> Rien que pour cela il faut le détester, le chasser du pouvoir mais surtout ne pas le tuer, car la réaction de ses « extrémistes » ou de ses résistants c’est selon, serait incalculablement, dramatiquement, horriblement terrible…<br /> <br /> Pour le français, le bon nègre c’est le bon bougnoule dans le genre « oui missié bwana ». Celui qui accepte tout, même l’inacceptable. Il faudrait que les français comprennent que « oui missié bwana » est mort en Côte d’ivoire le jour de l’arrivé au pouvoir de Gbagbo le 24 Octobre 2000. Il mourra sûrement dans tous les autres pays Africains.
K
L'éclosion d'hommes politiques africains de la trempe de Laurent Gbabgo est un pas significatif vers la liberté. les adversaires extérieurs de l'Afrique l'ont vite compris en lui imposant cette guerre, mais je suis convaincu que cela va certainement accélérer le processus d'émancipation de nos peuples. <br /> Merci à toi jeune frère d'essayer de cultiver à ton niveau la graine de la liberté !
L
Salut,<br /> La question du développement de l'Afrique se pose, bien souvent, en des termes politiques et économiques. Je souhaiterais que l'accent soit mis de temps à autre sur le domaine des compétences.<br /> A y voir de près, il s'agit de noircir certains postes, de noircir les capitaux des entreprises et se débarrasser d'une certaine classe politique qui n'a que trop flirter avec toute sorte de magouilles.<br /> De nouveaux dirigeants viendront, les entreprises seront financées par capitaux "nègres". Que dire de ceux qui vont gérer?<br /> De Dakar à Yaoundé, en passant par Conakry, Bamako, Ouaga, Lomé, Librville...les années universitaires dépassent difficillement...quatre mois.<br /> Alors, avec qui travailleront ces nouveaux leaders? En quoi consistera cette nouvelle gestion? Fabriquer de nouveaux riches comme ici en Côte d'Ivoire?
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