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Le blog de Théophile Kouamouo
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22 mai 2007

Démographie au Cameroun : le grand tabou

une_doualaEst-il possible de développer un pays sans connaître précisément la composition de sa population ? Si la réponse à cette question est négative, c’est que le Cameroun de Paul Biya n’a aucune chance d’aller mieux dans les prochaines années, à moins que des mesures urgentes soient prises. Je m’explique.

Cette année, le 20 mai, date de la fête nationale du Cameroun, est tombé un dimanche. Ma communauté religieuse à Abidjan a demandé aux Camerounais de partager leur joie et leurs difficultés en présentant leur pays et ses problèmes - et en faisant, bien entendu, un petit « show » musical valorisant les rythmes locaux (bikutsi, makossa, bend skin, etc)…

Un de mes amis camerounais, ingénieur et chercheur, a été choisi par les Camerounais de l’église pour présenter leur pays dans ses aspects généraux (économie, vie politique, PIB, population, etc…). En cherchant les données pour son exposé, il est allé sur le site officiel de la présidence de la République (http://www.prc.cm/). Et là, il est tombé sur une petite pépite d’absurdité. « Le Cameroun est un pays qui compte plusieurs grandes villes parmi lesquelles Yaoundé, la capitale politique du pays qui compte plus d'un million d'habitants, Douala, la capitale économique compte plus de deux millions d'habitants. Ensuite viennent des villes comme Garoua, Bafoussam, Maroua, Bamenda, ... qui sont d'importants centres urbains», indique, docte, le site du président. Qui continue en disant que la province semi-désertique de l’Extrême-Nord, est la plus peuplée du pays avec 2 553 389 habitants, tandis que la province du Littoral, dont fait partie Douala a…1 861 463 habitants !

Pour ceux qui ne connaissent pas bien le Cameroun, c’est comme si l’on disait qu’Abidjan avait 3 millions d’habitants et la région des Lagunes, dont fait partie Abidjan, 2 millions d’habitants ! Ou que Paris a 5 millions d’habitants et l’île de France 3 millions ! Quand l’ensemble comporte moins d’éléments que le sous-ensemble… Révolution mathématique sous les tropiques.

Simple erreur dont il est un peu exagéré de se gausser ? Pas du tout. Ces chiffres surréalistes ne sont que la face émergée de l’iceberg de fraude et de faux mis en place par un système politique pour survivre. Les statistiques démographiques sont, en effet, la matière première principale des élections. Et toute la zone occidentale du Cameroun, composée des provinces du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui est selon toute évidence de loin la zone la plus dense du pays, est traditionnellement hostile à Paul Biya et à son régime. Il s’agit donc de minorer la population de cette partie du pays (pour diminuer le nombre de députés qui doivent la représenter et distribuer les cartes d’électeur de manière sélective sans que le pourcentage faramineux que constitue les « exclus du vote » ne choque « les Blancs »). Par ailleurs, on surévalue la population de certaines régions reculées et difficiles d’accès pour pouvoir fabriquer bureaux de votes fictifs et électeurs fictifs en l’absence d’yeux indiscrets.

Au Cameroun, la démographie est devenue, depuis le retour au multipartisme, une activité subversive et une préoccupation « d’opposants ». Le dernier recensement général de la population publié date de… 1987. Certes, un recensement a été financé à grands frais et réalisé en 2005. Mais les résultats ont… disparu. Le bureau du recensement, dissocié pour des raisons mystérieuses de l’Institut national des statistiques (INS), a fait disparaître le document gênant.

On a parfois envie de dire à certains dirigeants africains, qui se rebellent par tous les moyens contre un pluralisme politique qu’ils n’ont admis que sous la pression ambiguë des donneurs d’ordres occidentaux, de réinstaller le parti unique au lieu d’infliger à leurs concitoyens ce type de tragicomédie qui n’amuse plus personne. Le plus grave, c’est que le régime de Paul Biya, comme de nombreux pouvoirs néocoloniaux d’inspiration ethnofasciste, est pris au piège de son propre discours et de ses pratiques à courte vue. Dès le retour au multipartisme, prenant acte d’une colère sociale due à sa mauvaise gouvernance, il a inventé une ethnie, les « Anglos-Bamis » (les Anglophones et les Bamilékés) qu’il a stigmatisée avec un discours délirant. Désormais, il se considère comme incapable de reconquérir les populations des zones occidentales les plus peuplées - puisqu’il se refuse de faire de la politique au sens noble du terme. C’est ainsi que naît la peur du peuple, la peur de la démographie, et le fantasme plus ou moins avoué de l’élimination d’une partie du corpus national. Ainsi naissent les tentations d’épuration ethnique…

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Commentaires
P
contant de vous lire si vous ete d'accord nous pouvons marche enssemble pour un cameroun libre et democratique.
N
Très cher(e) Muyenga,<br /> <br /> J'espère au moins que je n'ai pas écorché votre nom propre.<br /> <br /> Je suis loin de douter de ma médiocrité quant à la mémorisation de l'orthographe des noms propres des personnalités. Je vous saurez gré si vous pouviez me donner les références d'un dictionnaire qui contient tous les noms propres. <br /> Et si le fait de savoir ou pas écrire le NOM PROPRE d'une personnalité est un gage de la connaissance ou non de son action, je regrette. C'est naturel que les critiqueurs ne supportent pas d'être critiqué, mais nous sommes tenus d'évoluer avec monde. Dommage !<br /> <br /> En passant, le séminaire dont vous parlez là, c'est pour sortir prêtre ou quoi ? (lol).
M
Nasco a décidément un problème grave avec les noms propres!<br /> C'est un signe révélateur de sa relative connaissance des hommes dont il prétend analyser l'action. C'est aussi un signe qui permet de mesurer la profondeur de sa compréhension des choses.<br /> Ceci dit, il ferait peut-être un bon seminariste qui sait...
N
Salut TESOGUI,<br /> <br /> Nos chemins se rejoignent à beaucoup d'endroits et nous luttons pour la même cause : unn réel et positif changement. La situation est claire et nous tous, nous en sommes conscients : Le RDPC est assis. pourquoi voulez-vous qu'il organise sa chute ? c'est à l'ooposition d'organiser sa chute. Parler de la confiscation médiatique, c'est un argument irrecevable parce que ce sont les même réalités partout. Le cas de la France en dit long. Mais nous sommes sans ignorer que le bloc médiatique privé au Cameroun tend à rivaliser le bloc public. Si Fru Ndi (principal leader d'opposition) organise une conférence de presse, je ne pense pas que personne ne viendra. je ne pense pas que les pouvoirs publics interdiront. Les étudiants ont commencé leur mouvement qui a été éteint. C'était l'occasion pour l'opposition d'appuyer ces étudiants dans leurs révendications qui étaient bien fondées puisque les pouvoir public l'ont reconnu. Nous avons tous vu la réaction de sarkosy en France par rapport au CPE.<br /> <br /> Tous les partis politiques au cameroun sont calqués sur le modèle RDPC. Prenons le cas de la Côte d'Ivoire où Gbagbo est président de la république et membre et non président du FPI. Au Cameroun, une fois qu'on a créé son parti, on est président à vie. Le membre qui n'est pas content a deux solutions : soit il démissionne, soit il crée sa tendance. <br /> <br /> Pourquoi je dis que l'opposition camerounaise ne vaut rien ? La CNE (Conférence Nationale Episcopale) a fait des propositions pour une amélioration de l'atmosphère politique au Cameroun. Allez chercher qui a été le premier à boycotter. d'aucuns me diraient que l'église Catholique ne doit pas s'ingérer dans les affaires politiques. A cette réaction, je répondrai que l'Eglise ne saurait rester indifférente de la vie de ses fidèles et que même Jésus ne se contentait pas de prêcher, mais il guérissait aussi les malades et il nourrissait les affamés. Et d'ailleurs pour la petite histoire, c'est cette CNE qui a accéléré l'adoption du multipartisme au cameroun, pour ceux qui ne savent pas. Avant les élections d'octobre 2004, les opposants parlaient d'une union de l'opposition. Nous connaissaons tous ce qui s'est passé après.<br /> <br /> En politique, tous les coups sont permis. Il ne sert à rien de pleurnicher. une victoire volée en 1992 (je ne suis pas contre) mais quelle réaction après ? comme Jospain qui après une élection prend une pietre décision et cherche à revenir plus tard en vain. La clé de la chute de l'opposition (outre cette victoire volée) c'est la non participation du SDF aux législatives de 1992. Pour moi c'était une piètre décision.<br /> <br /> je reste persuadé que le problème du Cameroun c'est un manque de leader. Qui aurait cru qu'un mouvement d'étudiants pouvait faire mouche au Cameroun après ce qui s'est passé au début des années 90 ? Mais il a fallut que l'Université de Yaoundé I connaisse l'arrivée d'un certain Mouafo Djontsu pour faire embraser toutes les universités d'Etat du Cameroun au point où Buea qui n'avait jamais connu de mouvement soit à la une.<br /> <br /> Nasco.
T
Salut NASCO, <br /> Que l'opposition dispose d'un "vrai" programme politique alternatif ou pas là n'est pas le probleme du Cameroun. De toutes les facons, c#est au peuple camerounais de juger de la pertinence des discours des uns et des autres. <br /> Le problème au Cameroun c'est l'absence de cadre démocratique. Pas d'élections transparences, médias d'états confisqués ar le pouvoir, confiscation des libertés democratiques et autres...<br /> Insinuez que la transition democratique est coincée au cameroun par la faute de l'opposition qui ne disposerait pas d'un programme alternatif, c'est faire preuve de mauvaise foi et d'une cécité politique inacceptable! l'opposition que vous semblez ne pas porter dans votre coeur , je vous le rappelle, a agané les élections presidentielles d'oct 1992 au Cameroun, mais elle n'a pas pu ou su défendre cette victoire et le pouvoir néocolonial s'est réinstallé. L'opposition a gagné toutes les grandes villes du pays lors des lections municipales de 1997 au Cameroun; Mr Biya a confisqué cette victoire...<br /> Le problème du Cameroun ce n'est pas son opposition,qui j'en conviens est très limitée politiquement, idéologiquement et financièrement, mais le problème du Cameroun, c'est surtout le régime néocolonial UC-UNC-RDPC que les francais ont installés au pouvoir depuis 1958 en massacrant les nationalistes et indépendantistes camerounais! Il faut que les camerounais aient la possibilité de choisir librement leurs dirigeants en toute transparence et dans les conditions démocratiques: Si les conditions sont créees pour un vote juste et équitable, ce pouvoir impopulaire et antipopulaire sera, j'en suis convaincu, chassé du pouvoir...La prétendue abscence de programme de l'opposition n'est que du dilatoire. Le cameroun a besoin de mesures d'urgences et de transition, que les diverses chapelles au sein de l'opposition ont souvent proposées!
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