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Le blog de Théophile Kouamouo
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10 juin 2007

L'Afrique enchaînée

Grosse fatigue ! Entre un voyage éclair au Ghana, la préparation d’un voyage en Inde et d’autres choses, je n’ai plus tellement de temps pour mon blog et pour mon village. Sacrilège !

africa_unchainedSi j’avais eu plus de temps, je vous parlerais en profondeur de ce que je décrypte comme une vague de «thinkers» africains anglophones tels que Georges Ayittey, qui était un des orateurs des rencontres TED GLOBAL en Tanzanie, dont a parlé un des villageois de ce blog. Georges Ayittey, dans son livre Africa Unchained et dans ses conférences, explique la pauvreté globale dans laquelle l’Afrique est engluée par un facteur central : l’absence de liberté individuelle. Les Africains, estime Ayittey, n’ont pas été capables de prospérer durant le XXè siècle parce que leur liberté leur a été arrachée. D’abord par les colonisateurs puis par des dirigeants illégitimes et autocrates. Pour Ayittey, la libération de l’Afrique passe par l’établissement d’institutions médiatiques, judiciaires et financières indépendantes du pouvoir politique, dont l’objectif sera de le contrôler. Ayittey, en libéral qui s’assume, plaide pour des marchés ouverts en Afrique. Mais le marché, selon Ayittey, devra être à l’image des marchés traditionnels africains, ouverts à tous et où chacun peut proposer ce qu’il a. Ayittey pense que le développement de l’Afrique est d’abord l’affaire des Africains. Il croit plus au potentiel des pêcheurs ghanéens que d’un secteur formel aujourd’hui complètement corrompu et biaisé.

Ayittey oppose deux générations : la «Cheetah generation», composée d’Africains dynamiques qui refusent la corruption, et qui réclament la démocratie et la transparence - qui est selon lui celle qui sauvera l’Afrique ; et la «Hippo generation», dont font partie les dirigeants actuels de l’Afrique, qui se plaint de l’impérialisme et du colonialisme mais qui refuse les réformes de fond, parce que le statu quo les arrange.

Ayittey n’aime pas Mugabe et n’aimait pas Rawlings. On le sent agacé par le discours du progressisme africain classique. C’est un peu troublant pour des Africains francophones justement aux prises avec le retour violent d’un impérialisme clair et farouche. Mais c’est une question de vécu. Les trajectoires des différents pays durant la guerre froide, soumis à des dictateurs progressistes (comme Kwame Nkrumah ou Sékou Touré) ou à des dictateurs au service de l’Occident (comme Houphouët-Boigny ou Gnassingbé Eyadéma) orientent différemment l’expression du rejet de systèmes qui, les uns comme les autres, n’ont jamais mis la liberté d’expression, de création, d’association, d’initiative, au centre du progrès social.

Ayittey est intéressant à plusieurs égards. Il brise, quelque part, un clivage artificiel. Ces derniers années, si vous faites le constat de l’interventionnisme brutal de l’Occident en Afrique et d’un pillage qui lui profite, les «afrosarcastiques» comme Stephen Smith vous taxent de «négrologues» accusant l’Occident pour se dédouaner et, d’une certaine manière, vous solidarisent des dictateurs africains et de toutes les mauvaises habitudes qui ont cours sur le continent.

Le prisme valorisant le facteur «liberté individuelle» permet de critiquer aussi bien le colonialisme et le néocolonialisme et les réflexes liberticides des régimes africains.

Par ailleurs, ce type de regard réconcilie libéralisme économique et progressisme politique en Afrique. On peut croire à la libre entreprise, aux économies ouvertes, et être considéré comme un militant de la Renaissance Africaine - historiquement, le panafricanisme, comme le panarabisme, sont plutôt influencés par l’étatisme et l’archéo-socialisme.

Nous devrions souvent lire et commenter ce qu’écrivent nos frères de l’Afrique anglophone. Cela ouvrirait nos esprits et élargirait nos regards. De fait, il y a peu de traduction d’essais africains : du coup, Francophones et Anglophones réfléchissent chacun de leur côté, sauf si des Occidentaux en décident autrement. C’est dommage. Comment faire évoluer cette situation regrettable ?

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Commentaires
L
Salut,<br /> <br /> Georges Ayittey avance des arguments intéressants. Mais ayant fréquenté les cercles marxistes, j'ai quelques vieux comptes à régler.<br /> <br /> Selon les adeptes du lébéralisme politique, dans l'économie mondiale actuelle, il suffit d'être compétent (compétences techniques, organisationnelles, relationnelles, liées à l'adaptation), de bénéficier d'infrastructures essentielles et de pouvoir exercer les droits civils et politiques, les droits économiques et sociaux pour que tout aille pour le meilleur des mondes possibles.<br /> <br /> Nous pouvons tirer plusieurs orésupposés et implications de cette base axiologique. Et pour nous autres qui avons connu cette période ou "dire non" était en soi una abomination, quoi de plus normal!<br /> <br /> Toutefois, toutes choses bien considérées, je pense qu'il faut savoir aller en profondeur en refusant cette approche primaire et élémentaire. Bien sûr qu'il faut refuser cette drogue que certains tentent de nous inoculer à travers des discours creux du genre: notre problème, c'est telle puissance coloniale alors que la mauvaise gestion est reine dans leur pays.<br /> <br /> Considérons un village typique d'agriculteurs de subsistance quelque part dans le Département de...Béoumi. Le village n'a pas de routes revêtues et n'est pas desservi pas des véhicules. Il n'a pas d'électricité et ses besoins d'énergie sont satisfaits surtout par le bois, provenant de la savane environnante dont la superficie ne fait que dimunier. L'eau est impropre à la consommation et les latrines sont régulièrement un foyer de contamination des aliments et des réserves locales d'eau. Les enfants sont malades de diarrhée, de pneumonie ou de paludisme. Les sols sont depuis longtemps épuisés et manquent en particulier d'azote. Les pluies sont intermittentes et il n'y a pas d'irrigation de secours.<br /> <br /> Que peut bien signifier exercer ses droits civils et politiques, ses droits économiques et sociaux dans ce village? L'Etat doit-il se contenter d'être un simple veilleur de nuit face à la misère de ce village? Comment ces villageois peuvent-ils intégrer le marché? Qu'ont-ils à proposer?<br /> <br /> Je refuse:<br /> -que l'éducation de ceux qui sont en bas âge soit une affaire privée,<br /> -que la santé soit une affaire individuelle,<br /> -que les questions environnementales n'intéressent que quelques groupuscules,<br /> -...<br /> <br /> Pour nos Etats si fragiles, si pauvres, le développement nécessite l'intervention de l'Etat. Il faudra peut-être songer à le canaliser. ce que tente si bien que mal la théorie de l'Etat de droit!
L
Je n'ai pas lu le livre d'Ayittey mais de ce que Théo en dit, je partage déjà quelques idées de l'analyste anglophone. Notamment cette notion de liberté. Qu'elle soit économique ou financière, d'entreprendre, de circuler, d'expression, de réunion etc... la liberté est fondamentale. Toutes ces libertés ont été confisquées d'abord par les colons et ensuite par les dinosaures africains, ces dictateurs qui n'en finissent pas de se fossiliser. Des spécimens d'un autre temps. Si je prends la liberté d'entreprendre, par exemple, il est effarant de constater l'ingéniosité ou le vice qu'ils ont mis en place pour étouffer dans l'oeuf toute concurrence. Ils sont allés jusqu'à couler des affaires d'Africains qui voulaient voler de leurs propres ailes et de les renflouer par la suite pour mieux les tenir et en faire des clients c'est-à-dire des hommes privés de liberté et tout entiers dévolus à leurs caprices. <br /> Pour la liberté d'expression, il a fallu attendre la chute du mur de Berlin pour voir éclore un peu partout en Afrique francophone des journaux indépendants. <br /> Quant à celle de circuler; les entraves mises en place sont autant d'obstacles que certains ne franchissent qu'à coup de corruption.<br /> Théo demande aux villageois que nous sommes la recette pour rompre le mur de séparation entre francophones et anglophones africains. Nous pouvons, pour commencer, par briser le mur de la langue en maîtrisant aussi bien le français que l'anglais. Ensuite organiser des réunions, des forums... et une fois de plus Internet, cet outil fantastique peut être d'une grande utilité.
Y
Notre continent a ete trop longtemps balotee entre les deux ideologies dominentes du siecle qui vient de s'achever. La geurre froide n'etant pas etrangere a cet etat de chose. Les nouveaux leaders Africains devront dabord etre des leaders pragmatiques, trouver des solutions efficaces aux problemes de leurs polpulations, seule les objectifs devront decider de leur demarche. Les rigidites ideologiques dans lesquelles les premiers leaders des annees 60 se sont laisses enfermer ont souvent ete tres dommageable pour leurs peuples et pour l'Afrique.<br /> L'une des choses dont je sois certain c'est que personne ne fera notre developpement et notre bonheur a notre place. Mais avant nous devons reduire a defaut de nous en debarasser des pesanteurs externes qui nous empechent de decider par nous meme et pour nous meme de ce qui est bon ou mauvais pour nous. <br /> Je suis d'avis avec Ayiette que la liberte est une donnee essentielle du developpement de notre mere patrie l'Afrique.<br /> A Theo je voudrais dire que le Panafricanisme c'est du nationalisme africain. Pour des raisons historiques que j'ai evoque tantot il s'est retrouve prisonnier des ideologies dominantes de l'epoque,la matrice qui le fondait etait l'esprit de liberte, d'unite , d'afirmation de soi, et de progres du continent. <br /> <br /> Si non j'aimerai ici saluer et renouveler mes encouragements au brave fils de l'Afrique DIGNE qu'est THEO.
O
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