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Le blog de Théophile Kouamouo
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2 juillet 2007

Les Etats-Unis d’Afrique, maintenant ?

Prévisions de tempête dans l’espace diplomatique africain. Depuis hier, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent sont réunis à Accra, au Ghana. Ils planchent sur un thème d’une importance capitale : l’unification politique des 53 pays membres de l’Union africaine. Ce sujet central entraîne d’ores et déjà des clivages et des divergences fortes.

Moamer_Kadhafi_72677068_10D’un côté, le Guide de la Révolution libyenne, Muammar Kadhafi. Il estime que l’Union africaine – instituée le 11 juillet 2000 à Lomé dans la continuité d’un sommet de Syrte qu’il avait convoqué en septembre 1999 pour constater avec ses pairs l’incapacité de l’OUA à répondre aux enjeux du nouveau siècle – a échoué, et doit céder la place sans plus tarder aux Etats-Unis d’Afrique. De l’autre côté, le président de la République sud-africaine, Thabo Mbeki. Partisan d’une approche que ses amis considèrent comme «pragmatique», Mbeki prône un renforcement des organisations régionales existantes, qui ont vocation à se fédérer pour créer, à terme, un vaste espace commun.

Pour ne rien arranger, aux querelles de fond entre Kadhafi et Mbeki s’ajoutent des styles et des méthodes radicalement opposés. Kadhafi aime se voir en berger porteur d’une vision, habité par une mission ; les misérables considérations techniques du quotidien l’irritent. Mbeki, symbole de «l’élite africaine mondialisée», diplômé des universités britanniques, féru d’économie, régulier sur Internet, ne veut réfléchir que dans le strict cadre du «possible». Kadhafi gère une rente pétrolière, Mbeki dirige un pays industrialisé à l’économie diversifiée. Mbeki, bien qu’issu d’un parti membre de l’Internationale socialiste, est un libéral convaincu, aussi bien au point de vue politique qu’économique et sociétal, tandis que Kadhafi reste marqué par les clivages idéologiques de la guerre froide et est très influencé par une conception du pouvoir commune à de nombreux pays arabes, dans laquelle la démocratie à l’occidentale est une anomalie, voire une perversion.

On peut, au passage, se demander comment le président ivoirien Laurent Gbagbo gèrera cette guéguerre au sommet, lui qui est aujourd’hui proche des deux et redevable aux deux ; et qui ressemble, dans le style, à l’un et à l’autre – convictions démocratiques et socialisme pragmatique comme Mbeki, style flamboyant et posture missionnaire comme Kadhafi. C’est un enjeu pour la diplomatie ivoirienne mais ce n’est qu’un point de détail au regard de l’Histoire de l’Afrique…mbeki

Il nous semble stérile, voire dangereux, de structurer le débat panafricain autour de l’approche binaire qui a handicapé l’OUA des pères fondateurs. Il y avait jadis, deux camps : celui des «modérés» dont faisait partie Félix Houphouët-Boigny et celui des «progressistes» auquel appartenait Kwame Nkrumah. Du coup, les sommets de l’OUA s’apparentaient plus à des forums où les noms d’oiseaux plus ou moins originaux volaient bas qu’à des cadres où les défis économiques et stratégiques du continent étaient évoqués dans le but d’être vraiment réglés. Allons-nous reproduire ce type de configuration ?

Le contexte a changé. La guerre froide, dont les querelles idéologiques entre chefs d’Etat africains était (en partie) un artéfact, est finie. Un demi-siècle d’indépendance dans une Afrique balkanisée a montré l’impossibilité de continuer sur cette voie. Les allégeances totales aux anciennes puissances coloniales ne sont plus viables dans le contexte de globalisation qui est le nôtre aujourd’hui, et les dinosaures qui s’y accrochent ont déjà été condamnés par l’Histoire. Pour faire joli, le président français Nicolas Sarkozy a même exprimé à Kadhafi son soutien…

La cause est entendue. L’Afrique doit s’unir. Elle doit s’unir vite. Un récent séjour en Inde nous a conforté dans cette certitude. Comme l’Afrique, l’Inde a des problèmes criants de pauvreté endémique, de malnutrition, de scissiparités ethniques. Si elle connaît depuis plus de vingt ans une success story que le monde entier envie, c’est d’abord et avant tout parce qu’elle est unifiée.

L’Afrique doit s’unir, mais autour de quel projet, de quelles valeurs ? En privilégiant les divergences entre Mbeki et Kadhafi, les opinions publiques et les leaders du continent éludent le vrai débat. Quelles seront les valeurs qui constitueront le socle des Etats-Unis d’Afrique ou de l’Union africaine renforcée ?

Les Etats-Unis d’Amérique sont fédérés autour du principe de la liberté individuelle, de la démocratie et du libéralisme économique. La Fédération indienne également, même si elle a d’abord expérimenté un modèle économique plus étatique. La Chine est un Etat centralisé et autoritaire de plus d’un milliard d’habitants. Que choisir ? Kadhafi parle de l’Afrique comme d’une ensemble de «tribus noires». Est-ce acceptable ? Les Boers d’Afrique du Sud ne sont pas Noirs, les Arabes d’Afrique du Nord non plus. En Afrique, certains estiment avoir des droits et des allégeances qui ne sont pas liées à leur appartenance tribale. Il y a des Africains d’origine indienne et libanaise comme il y a des Européens d’origine africaine et arabe…

Si on crée les Etats-Unis d’Afrique à la fin du sommet d’Accra, on aura une agrégation de démocraties, de démocratures, de démocraties en construction et de franches dictatures ; des pays clairement engagés dans l’économie de marché, d’autres très étatisés, quelques-uns livrés aux multinationales étrangères sans pour autant que leurs propres citoyens bénéficient de la libre initiative politique et économique. On retrouvera des petits pays inondés par les pétrodollars, des pays pauvres et surpeuplés, des nations agricoles, des pays en voie de désertification… N’est-ce pas finalement le meilleur moyen d’exacerber les conflits et de discréditer, par une praxis non adaptée, le projet politique le plus porteur d’espérances pour le continent ?

La pose ne suffit pas. Kadhafi et Mbeki doivent faire des propositions charpentées, précises, financièrement évaluées et validées par des experts. Qui sait ? Une telle démarche, en réconciliant une vision exigeante et des contraintes techniques qu’on ne peut ignorer, pourrait mettre d’accord les deux hommes.

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Commentaires
D
Cher Kouamouo,<br /> Chers bien-aimés frères et soeurs Ivoiriens et Africains,<br /> <br /> J'interviens avec beaucoup de retard sur le sujet, mais il fallait malgré tout que j'apporte mon opinion sur la question.<br /> <br /> Le Mercredi 27 Juin 2007, nous avons assisté, avec émerveillement, à l'arrivée en Côte d'Ivoire du "Frère Guide de la Révolution Lybienne", Mouammar KADHAFI, dans un étalage très ostentatoire de prestige, de richesse et de pouvoir.<br /> <br /> La raison officieuse ou officielle, harmoniser ses points de vue avec le Président GBAGBO sur la question de la création des Etats-Unis d'Afrique, ou plus précisément, de la formation du Gouvernement Fédéral Africain, dont les débats se sont tenus, récemment, au Ghana, et qui ont étalé, au grand jour, les conflits de leadership qui minent le continent.<br /> <br /> C'est avec plaisir, que je l'ai écouté, en Côte d'Ivoire, inviter les Africains à l'unité et dénoncer le complot ourdi par les pays occidentaux impérialistes contre l'Afrique et, singulièrement, contre la Côte d'Ivoire, afin de mieux exploiter leurs grandes richesses naturelles, par l'entremise d'insurections, de guerres et de rébellions.<br /> <br /> Dans cette logique, KADHAFI s'attaque à un os dur. Les pays occidentaux néocolonialistes le regarderont-ils faire, sans rien dire ou sans agir, au risque de tout perdre en Afrique? <br /> Ce qui est désormais sûr, c'est que la Côte d'Ivoire, a en sa personne, un allié de taille. En tout cas, quelqu'un qui a du répondant contre les ennemis d'en face.<br /> <br /> Mais, j'ai des inquiétudes qui demeurent, d'où que je les retourne: <br /> Les pays africains sont-ils, eux-mêmes, prêts à s'affranchir du joug colonialiste? En auront-ils la force ou même le courage?<br /> Des républiquettes sous perfusion prendront-elles la liberté, la décision audacieuse, de remettre en cause les intérêts multi-centenaires de pays foncièrement parasites comme la France?<br /> Il aurait peut-être fallu acquérir, au préalable, son indépendance politique et économique! <br /> Des états et des pouvoirs qui dépendent encore, essentiellement, de l'occident pour leur survie peuvent-ils si aisément s'affranchir?<br /> <br /> Sans être pessimiste, je crains que ce projet africain remis au goût du jour n'entraine une flambée de violences, de coups de force et de guerres, en Afrique, au cas où ses chances de succès se précisaient, pour ramener les Africains à la réalité de leur sujétion et de leur dépendance vis-à-vis des puissants de ce monde, à moins que l'Afrique ne fasse bloc contre l'adversaire.<br /> Mais l'histoire récente de la Côte d'Ivoire nous a prouvé que nous pouvons, légitimement, en douter. Douter de cette capacité des Africains à se mobiliser contre l'imposture et à faire UN.<br /> <br /> L'Afrique veut s'unir. Faut-il s'en réjouir ou en pleurer?<br /> Le projet en lui-même est louable mais quand, en tant que fervent adepte du conspirationnisme, je sais qu'il s'inscrit dans un projet plus global de réunir le monde dans de grands ensembles pour mieux le régenter et l'offrir à la domination antichrist et au contrôle totale 666, je n'en suis pas très heureux, je l'avoue.<br /> <br /> <br /> Que DIEU vous bénisse, richement!<br /> <br /> <br /> <br /> DINDE Fernand <br /> dindefernand@yahoo.fr
D
Théo,<br /> <br /> Tu évoques, certes bien, le risque qu'il y aurait à "structurer le débat panafricain autour de l’approche binaire qui a handicapé l’OUA des pères fondateurs."<br /> Mais dans le même temps, à la fin de ton texte, tu nous renvoies à deux personnalités "Kadhafi et Mbeki"...n'est-ce pas là aussi une approche binaire? Deux hommes, deux styles, deux visions...<br /> En outre tu parles du rôle des "experts". Lesquels? Ceux du Nepad? Ceux-là même que l'un des principaux promoteurs de ce projet met aujourd'hui met à l'index?<br /> <br /> C'est vraiment dommage que les 150 clandestins - maliens pour la plupart - expulsés de Libye peu de temps avant ce IXe sommet de l'UA n'aient pu se manifester - de manière ostentatoire de préférence.<br /> <br /> Et puis la photo du "frère guide de la..." franchement elle fait revenir dans ma gorge l'amertume des vers de Pablo Neruda: "...là-haut, au grand galop, un froid plein d'arrogance avec son plastron de médailles, sali dans les martyres (...) tandis que le pauvre ange obscur, le pauvre rapiécé, marchait de pierre en pierre et marche encore pieds nus et le ventre si creux que nul ne sait comment il peut survivre."<br /> <br /> Si l'Afrique doit s'unir sachez qu'elle l'est déjà par le bàs: on écoute du coupé décalé à Ouagadougou, à Bamako; Maréchal est très bien accueilli à Abidjan où il réussi bien sa carrière d'artiste; Mbembe enseigne en Afrique du Sud; Théo écrit et vit à Abidjan; etc.<br /> <br /> Alors commençons d'abord par en prendre conscience.
P
Ce dont l'Afrique a besoin est très basique: du travail. Ne cherchons pas trop loin nos solutions. Etats Unis d'Afrique, c'est trop compliqué, c'est trop intellectuel, c'est trop tendance et même c'est trop mimétique. Les populations ont besoin de manger.<br /> *Est-ce qu'en n'étant pas unis on peut faire manger tous les africains? Si oui, alors nourrissons lès et laissons la "sainte unité" là où elle est.<br /> *Est-ce qu'en n'étant pas unis, on peut soigner correctement tous les africains? Si oui, alors soignons lès et laissons la "sainte unité" là où elle est.<br /> *Est-ce que chaque africain qui a un boulot, qui se sourrit correctement et qui se soigne aussi correctement peut être sensibilisé à se comporter dignement devant les autres peuples sans que tous les pays africains soient unis? Si oui, alors faisons-le et laissons la "sainte unité".<br /> Ma position, sincèrement, ce n'est pas forcément l'union ou l'unité qui changerait les choses, mais c'est le changement de comportement qui pourra amener toutes les autres transformations.<br /> Si j'étais président africain, je ne perdrai même pas une minute dans une réunion d'organisation supra nationale quelconque. Rester avec mon peuple et lui apprendre à bosser. Par exemple en Cote d'Ivoire, avec le budget de 1900 milliards, je créerai des sociétés publiques que je laisserai gérer par des personnes privées. Quelques pistes de sociétés qui seraient créées:<br /> -société touristique(je ne dis pas un ministère)pour nettoyer toutes les plages du pays et même tout le pays pour qu'il y fasse bon vivre hygiéniquement parlant et faire aussi venir les touristes.<br /> -une société de mécanique qui aura pour tache de travailler à la fabriation de machine-outils outils adaptés aux besoins du pays.<br /> -une société agricole (sur le modèle du CNRA et de l'Anader)pour apporter assistance aux agriculteurs indépendants et pour recruter les jeunes dans des plantations publiques.<br /> Je m'arrête à ces quelques exemples, mais je pourrai continuer.<br /> Mais le rôle de ces entreprises sera de rendre compte et s'autofinancer au bout d'un certain délai. Elles seront surveillées financièrement par une cellule composé des travailleurs et des dirigeants. Les travailleurs devrons intégrer le capital au bout d'un certain temps de sorte que les sociétés soient majoritairement privées au bout d'un certain temps. <br /> Le rôle du président que je serai, qui ne perdra pas son temps dans les réunions internaionales inutiles se deplacera régulièrement dans ces entreprises pour s'enquerir de l'avancement du travail dans ces unités. Je serai donc un président opérationnel, sur le terrain avec le peuple en train de travailler. Et en train de montrer l'exemple. Si on me dis que des Ivoiriens sont sans papier en France, j'enverrai le gruman ou le Fokker 100 les chercher et dès leur retour j'organiserai un fête pour leur retour, je les recevrai pour leur montrer que tout le territoire ivoirien ne demande qu'à être mis en valeur. Bien sûr je les assisterai, pas en leur donnant des envelpppes kaki, mais en leur offrant une place dans les différentes enreprises que je viens de créer avec l'argent du peuple. Les concours ne seront jamais payant. D'ailleurs les correcteurs viendront délibéreont devant la presse.Si je fais ces choses ne serait-ce que pendant les 6 premiers mois de mon mandant, le peuple sera convaincu de ma volonté de l'aider. C'est alors que d'autres entreprises de plus en plus technologiques seront créées pour intégrer les diplomés les plus pointus. Je n'attendrai pas Bouygues pour réliser le 3ème pont d'Abidjan. Je mettrai les Ingénieurs de l'INP-HB de yamoussoukro au défit, il en sera d'ailleurs de mêmes concernant les machines-outils. Un ingénieur sera un ingénieur au même titre que ses homologues des autres continents. Il n'aura certes pas les moyens de ses homologues, ce ce sera la raison pour lui de montrer son génie en contournant la difficulté. Mais le minimum de moyen si. Une fois que j'aurai testé les ingénieurs locaux, ils auront assez d'étoffe pour réaliser tout ouvrage en béton du pays. <br /> Les dirgeants des entreprises formerons aussi une équipe nationale. Les élephants dirigeants et entrepreneurs seront autant adulés que les footballeurs et les artistes. Sans oublier que chaque année, les meilleurs, parmi étudiants, dirigeants, agriculteurs etc. seront présentés à toute la nation et auront les mêmes primes que les éléphants footbaleurs lorsqu'ils vont en compétitions africaines ou internationale. Tout le monde aura un rôle tout un chacun aura envie de se donner à la tache car les efforts aussi bien artistique qu'intellectuel ou physiques seront équitablement rétribués. Les chercheurs devront compétir pour le Nobel. un budget leur sera aloué pour.<br /> Quand les autres africains veront que ça marche très bien en Cote d'Ivoire sans l'aide de qui que se soit, il se mettrons tous à rechercher les activités que leur état peut perfectionner sans l'aide de l'occident. Le Niger par exemple que vous croyez pauvre aura developpé une expertise exportable en énérgie solaire, partout les autres pays vont imiter, Sénégal, Nigéria, Cameroun, AFSud, Kenya etc. C'est alors que tous les africains mangeant à leur faim, les coups d'Etats vont cesser et l'union pourra se faire de façon naturelle. Mais de grace pas avant, sinon vous retarderez encore davantage le développement de l'Afrique.<br /> C'est ma fiction, mais c'est aussi ma vérité. Je ne suis expert en rien en vous écrivant ces choses. J'ai posé un regard bien simple que certains diront simpliste. Mais ce regard là a l'originalité d'être réaliste et réalisable. On a beaucoup parlé, maintenant il faut agir et non continuer à parler encore au sujet de l'unité ou de l'union de quoi que ce soit.<br /> <br /> Ps: je n'écris pas bien comme Théo, mais je sais que vous m'avez compris. Et merci encore une fois à Théo pour la lucarne.<br /> <br /> <br /> Papy, depuis la France. Mais ayant vécu plus de 35 ans en Afrique.
B
Je m'excuse d'abord, je ne suis pas aussi calée que vous pour les histoires économiques, mais je pense qu'à leur actuelle, parler du dollar dans la zone franc ne sert pas vraiment à grand chose. Puisque les pays de cette région ne profitent pas vraiment de l'envolée du cours du pétrole, étant donné que le taux de change est défavorable avec l'euro qui grimpe par rapport au dollar.
S
Merci parce que grâce à toi je sais que le film existe. Je ne manquerai pas d'aller le voir s'il est diffusé dans mon département. Inutile d'ajouter que je continue à te lire régulièrement. Je me joins donc à Levy pour te féliciter une nouvelle fois et t'encourager à poursuivre ce travail.<br /> Amitiés.
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