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Le blog de Théophile Kouamouo
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16 juillet 2007

Les leçons d’une résolution

Une fois n’est pas coutume. La diplomatie ivoirienne affiche une franche satisfaction après le vote de la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l’ONU. Le texte de «la 1765» est volontiers décrit, d’ores et déjà, comme la manifestation de la «normalisation des relations avec les Nations unies». En effet, le contexte dans lequel la nouvelle résolution onusienne a été préparée, rédigée et adoptée est radicalement différent de l’ambiance qui a entouré le vote des précédents textes du Conseil de sécurité sur la Côte d’Ivoire.

ban_ki_moonAvant toute chose, deux missions sont venues à Abidjan demander au président de la République et au gouvernement quel rôle l’ONU pouvait jouer avec la nouvelle donne symbolisée par l’accord de Ouagadougou. Gbagbo et Soro, selon des interlocuteurs de premier plan, ont tous les deux eu le même discours devant les émissaires de l’institution dirigée aujourd’hui par Ban Ki Moon : «Aidez-nous, mais ne vous substituez pas à nous».

Le message est passé. Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont décidé «d’accompagner» l’accord de Ouaga, et non plus de réinventer la roue comme cela s’est vu après le sommet de l’Union africaine d’Addis-Abeba en 2006 – la France avait fait assaut de nouvelles trouvailles pour imposer une 1721 qui n’a jamais fonctionné. Mieux : les diplomates ivoiriens ainsi que Vincent Zakané, le «juriste maison» de Blaise Compaoré ont été en permanence consultés par les membres du Conseil de sécurité, qu’ils soient non permanents comme l’Afrique du Sud et le Ghana ou permanents comme la Chine et la France. Jean-Marc de La Sablière, qui promenait habituellement son hostilité anti-ivoirienne dans les couloirs de la Maison de Verre a filé le «grand amour» avec les représentants de la Côte d’Ivoire. Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine, a mis un point d’honneur à recevoir Alcide Djédjé, ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Nations unies, lors d’une visite à New York, et à s’informer sur le regard d’Abidjan au sujet de la nouvelle résolution onusienne.

Bien entendu, il ne faut pas avoir fait de hautes études en relations internationales pour comprendre que le tandem Bédié-Ouattara essuie une grosse défaite diplomatique avec la suppression du poste de Haut représentant des Nations unies pour les élections (HRE). Abidjan a fait valoir, lors des réunions de préparation de la résolution 1765, que le poste qu’occupait Gérard Stoudmann était une «anomalie». En effet, jamais dans l’Histoire récente des processus de paix en Afrique, ce poste n’a existé – même pas dans le cas de la République démocratique du Congo, qui vivait son premier vrai processus électoral depuis les indépendances. Par ailleurs, il y avait manifestement doublon entre la division électorale de l’ONUCI et le HRE. Pis, il y avait un abandon de souveraineté de la part de la Côte d’Ivoire, dès lors que Stoudmann était érigé en «super-juge électoral». Désormais, il revient à Abou Moussa de certifier les différentes étapes d’un processus durant lequel l’ONU sera consultée. Mais il n’y aura plus d’arbitrage.

Par ailleurs, l’ONU consacre la mort du Groupe de travail international (GTI). La communauté internationale sera représentée par un organe «consultatif», qui aura rang d’observateur, qui n’assistera pas à l’intégralité des réunions du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) et qui ne rédigera pas, bien entendu, les oukases provocateurs qui avaient rendu célèbre l’organe qui avait fait connaître – y compris en France – la ministre Brigitte Girardin. La guerre de tranchées diplomatique entre Paris et Abidjan semble être terminée. Il reste à espérer que la «guerre secrète», dont certains signes montrent qu’elle continue, s’arrêtera elle aussi.

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Commentaires
L
Salut,<br /> <br /> Pour ceux qui doutaient, les relations inter sont régies par des rapports de force. Je comprends difficilement que la classe dirigeante en CI traine tant les pas pour poser des gestes hautement significatifs.<br /> <br /> Pour une fois, nous avons pris nos responsabilités. L'ONU n'a fait que nous suivre dans cette voie. Bien sûr "qu'une guerre ne se gagne pas sans alliés". je crois avec Lanzi qu'à ce niveau, le contexte inter nous est favorable.<br /> <br /> Je ne pense pas que Sarko veuille se faire dépuceller publiquement en CI pour son premier mandat. Son représentant à l'ONU a essuyé pas mal de défaites ces derniers temps pour oser bander les muscles si nous durcissons notre position. BK Moon ne semble pas disposé à suivre le chemin de son prédecesseur. Les leaders politiques les mieux écoutés en Afrique présentement sont Kadhaffi et Mbeki. Bongo, Wade, Sassou doient avoir su qu'ils ne sont plus que des feuilles mortes. Qu'attendons-nous?<br /> <br /> Une cellule de réflexion pour voir dans quelle mesure enseigner l'anglais depuis le primaire; pousser aux réformes ncsaires au F CFA; exiger le départ de la Licorne, du 43è BIMA, de l'ONUCI...<br /> <br /> Le ciel ne nous tombera pas sur la tête! Alors?
D
Cher Kouamouo,<br /> Chers Bien-aimés Frères et Soeurs Ivoiriens et Africains,<br /> <br /> <br /> C'est avec une grande joie que j'ai appris, le Lundi 16 Juillet 2007, le vote par le Conseil de Sécurité de l'ONU, de la Résolution 1765.<br /> Voici, ENFIN, sur 24 Résolutions sur la crise ivoirienne, la toute première qui respecte vraiment la Côte d'Ivoire et qui prend des décisions responsables dont l'esprit aurait, depuis belle lurette, dû être instauré dans le débat ivoirien. <br /> Enfin, le désidératat des ivoiriens est pris en compte, comme nous l'avons toujours souhaité, par l'endossement de l'Accord de Ouagadougou, signé le 04 Mars 2007.<br /> <br /> Je suis d'autant plus heureux que le poste (Haut Représentant des Nations Unies pour les Elections) de Monsieur STOUDMAN, cet homme qui se donnait des airs de vice-président de Côte d'Ivoire et de personnage inamovible, dans ce pays, a été tout bonnement supprimé, au grand dam du RHDP, qui n'hésitait pas à demander, chaque fois que de besoin, que soit mise à mal la souveraineté de notre pays.<br /> <br /> Secundo, la France n'a plus l'exclusivité des résolutions sur la Côte d'Ivoire. Cette tâche est laissée désormais à l'Afrique du Sud (un partenaire de taille pour notre pays), le Ghana et...la France (encore et toujours. Mais ça va finir un jour. C'est déjà un très bon début!).<br /> <br /> Tertio, le GTI ne viendra plus s'exhiber, en Côte d'Ivoire, avec la désolante Brigitte GIRARDIN. Il n'existe plus. Les signataires de Ouaga ont les mains libres pour suivre, en toute responsabilité et liberté, l'exécution de leur accord, avec un tout petit rôle consultatif et d'observation à l'ONU, par le biais de l'ONUCI.<br /> <br /> Cela fait beaucoup de revers pour la France, après la signature de l'accord de Ouaga, la suppression de la zone de confiance, le démentèlement des bunkers et autres postes de sécurité tenus, jusqu'à l'attentat manqué contre le Premier Ministre SORO Guillaume, par la Force LICORNE et L'ONUCI dans nos aéroports et le prochain bûcher de Bouaké, qui va, définitivement sceller la paix entre les Ivoiriens et la réunification du pays.<br /> <br /> Cela en fait trop pour la France et me fonde à dire qu'une violente et sanglante attaque n'est pas loin de s'abattre sur la Côte d'Ivoire, si nous ne veillons pas, aussi bien dans la prière que militairement. Les jours qui approchent ne seront pas de tout repos et il faut que les Ivoiriens soient plus vigilants que jamais.<br /> Le voyage prochain du Président GBAGBO en France n'y changera absolument rien. SARKOZY est gouverné par des intérêts ultralibéraux et franc-maçons. Il n'y pourra rien. C'est une mission pour lui. La France obscure et obscurantiste a toujours pris le pas, en Afrique, sur la France officielle. Les choses sont ainsi. <br /> Aux Ivoiriens d'arracher, définitivement, leur indépendance. Mais avis à tous: Le prix à payer sera très élevé! A bon attendeur...Salut!<br /> <br /> DINDE Fernand, depuis Abidjan.
O
La résolution 1765 qui ne prend en compte que les propositions faites par les principales parties à l'accord de Ouaga réhabilite l'ONU,notre institution commune.Je suis cependant malheureux de constater que c'est avec un africain,KOFFI ANAN, à la tête de cette organisation que la Côte d'Ivoire a été lâchée.<br /> Je me réjouis de la suppression du poste du Haut Représentant chargé des élections qui est un camouflet pour Alassane Dramane Ouattara et pour lui seul.Espérant compter,une fois de plus,sur ses parrains,ce vagabond de nationalité a tempêté et promis à ces suiveurs que le poste de HRE ne serait pas supprimé.Il a même crié victoire lorsqu'à l'issue de la réunion d'évaluation qui a eu lieu à Yamoussoukro,le communiqué final lu par le premier ministre SORO a fait état d'une demande du maintien du poste de HRE que ferait le facilitateur au secretaire général de l'ONU.Tout cela n'était que du vent,le comité d'évaluation composé du facilitateur,du président Gbagbo,du premier ministre SORO,des présidents du PDCI et du RDR n'avait pas pour mission de remettre en cause tout ou partie de l'accord de Ouaga.Il était donc impensable que ce comité réinstalle le poste du HRE qui a été supprimé par le dit accord. <br /> Pour conclure,il nous faut retenir une seule leçon de cette évolution positive de l'ONU:Ce n'est pas par la révolution mais dans l'évolution que tout s'accomplit.En d'autres termes,allons doucement car nous sommes pressés.
L
Eh oui ! Théo, le contexte a bel et bien changé. Chirac n'est plus au pouvoir, remplacé par Sarkozy qui peut nous réserver de bonnes surprises sur la Françafrique . Kofi Annan - manipulable à souhait - n'est plus à la tête de l'ONU, Ban Ki-Moon a pris la place, il a un très bon sens politique, dit-on. Les piliers africains de la Françafrique - notamment Bongo et Sassou - sont encore au pouvoir ( pour combien de temps encore ? ) mais il semble bien qu'ils commencent à prêcher dans le désert. Ajouté à cela le fait que des émissaires de l'ONU ont pris la peine de tenir compte des avis de Gbagbo et de Soro - qui ont tenu le même langage - on peut dire sans se tromper qu'un vent nouveau commence à souffler à l'ONU, c'est de bon augure sur le chemin de la paix en Côte d'Ivoire. Les Africains dignes ne vont pas bouder leur plaisir.
C
Cette résolution représente une petite révolution diplomatique dans la crise ivoirienne. Je m'en explique dans mon dernier post, où je donne en primeur un extrait d'une interview exclusive de John Bolton qui sera publiée cette semaine dans le Courrier d'Abidjan et sur Couper Coller. Voici un petit cadeau pour les habitués et pour les gens pressés:<br /> http://coupercoller.wordpress.com/2007/07/16/revolution-1765/
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