Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Théophile Kouamouo
Le blog de Théophile Kouamouo
Derniers commentaires
Archives
31 juillet 2007

Pourquoi la flamme de la paix est porteuse d'espoir

gbagbo_bouak_Les Ivoiriens et les observateurs de la crise en Côte d’Ivoire ont tellement été déçus par des «fausses alertes» annonçant la paix en vue qu’ils ont désormais des réflexes de Saint-Thomas : ils veulent voir avant de croire. Ainsi, la cérémonie d’hier baptisée «la flamme de la paix», durant laquelle le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre et ancien chef rebelle Guillaume Soro ont décrété de concert la fin de la guerre et mis le feu symboliquement dans une benne remplie d’armes de guerre, ne peut pas susciter un enthousiasme dénué de toutes interrogations. Suffit-il de brûler quelques milliers de kalachnikovs pour passer l’examen de passage de la paix après près de cinq années de conflit, pour faire s’effondrer les différents murs de méfiance et de haine qui se sont dressés depuis le 19 septembre 2002 ?

Non, bien entendu. La paix n’obéit pas à la «pensée magique». Elle n’est pas instantanée comme le café. Très souvent, un processus de guerre peut se camoufler sournoisement derrière un processus de paix – ainsi des accords de Linas-Marcoussis, en janvier 2003, dont l’inapplicabilité a conduit à la crise ouverte de novembre 2004. Il faut donc se méfier des faux nez et des apparences. Le scrutateur de paix a un devoir de scepticisme.

Cela dit, la flamme de Bouaké est porteuse d’espérances. Pour la Côte d’Ivoire, pour l’Afrique de l’Ouest, pour le continent africain. Des signes très clairs poussent à l’optimisme.

Premièrement, la belle brochette de chefs d’Etat africains venus courageusement et souvent de loin (comme le Sud-Africain Thabo Mbeki) dans cette ville de Bouaké, ancien fief de la rébellion ivoirienne, où un attentat – perpétré par des ennemis du processus de paix – a failli ôter la vie à Guillaume Soro. Un courage qui indique la détermination du leadership africain à en finir avec une crise ivoirienne qui n’a que trop duré. De plus, au-delà du courage, l’on a senti la volonté de l’Afrique de l’Ouest d’en finir avec une crise fratricide qui a commencé depuis 1989. On ne le sait que trop : le conflit ivoirien n’est qu’un épisode de plus de la «guerre mondiale d’Afrique de l’Ouest», elle-même paradigmatique des «conflits déstructurés» de la période post-guerre froide, où les particularismes se sont exprimés dès lors que le couvercle du parti unique a sauté, avec d’autant plus de rage que la fin du pacte de Varsovie ouvrait un marché sauvage des armes légères et que les prédateurs des pays riches étaient bien décidés à désosser l’Etat africain pour obtenir les richesses minières du continent quasiment gratuitement. Les guerres ont ainsi voyagé du Liberia à la Côte d’Ivoire en passant par la Sierra Leone et (un peu) la Guinée grâce à une nébuleuse dont les piliers autochtones étaient Charles Taylor et Blaise Compaoré. Charles Taylor, prisonnier à La Haye, connaît un destin qui découragerait bien des vocations de pyromane. Plus malin, Blaise Compaoré – qui triomphait à Bouaké, de concert avec Thabo Mbeki – a choisi de se protéger en se drapant, comme Houphouët-Boigny hier, dans les habits précieux d’apôtre de la paix. Côte d’Ivoire, Togo, Niger… Après avoir été souvent une partie des problèmes, il commence à être régulièrement – avec en plus l’expérience du pouvoir – une partie des solutions.

flamme_de_la_paixDeuxièmement, la flamme de la paix contribue, beaucoup mieux que toutes les manifestations symboliques des derniers mois, à rendre irréversible le mouvement vers une sortie de crise. Actuellement en Côte d’Ivoire, les aspects techniques du processus de paix sont importants certes, mais bien moins que la solidification d’un édifice (celui de l’accord de Ouaga) qui fait face à de nombreuses initiatives subversives. Comme durant les processus de paix précédents, la période que vit actuellement la Côte d’Ivoire est délicate : on sent la paix venir, en même temps que les derniers soubresauts de ses ennemis. On se rappelle ainsi de la «black-on-black violence» avant les élections de 1994 en Afrique du Sud… Il est évident que la maturation des processus fait qu’à un moment, tout retour en arrière devient suicidaire. C’est de ne l’avoir pas compris que sont morts dans le déshonneur le rebelle angolais Jonas Savimbi et le chef de guerre sierra-léonais Foday Sankoh. A travers l’événement de Bouaké, Guillaume Soro contribue à rendre impossible un retour dans le «maquis», pour lui comme pour ses camarades qui se font encore des idées. Tout reniement des rebelles jetterait, de plus, une grosse tâche sur la belle toge de Blaise Compaoré, néo-sage selon la geste houphouétienne.

Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, les chefs de l’opposition réunis au sein d’une alliance qui ressemble de plus en plus à un simple tandem de vieux chevaux de retour, ont bien compris la symbolique. Puisqu’ils n’ont aucun intérêt à participer à l’irréversibilité d’une paix qui n’a plus pour première condition la fragilisation ou le départ du président Gbagbo, ils ne sont pas venus à Bouaké. Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? La sagesse politique exige de ceux qui ne peuvent pas contrarier une vague de se plier au courant, afin de ne pas sombrer et de survivre, en misant sur des circonstances plus favorables dans le futur. Gbagbo l’a souvent fait lui-même, acceptant les accords de Linas-Marcoussis pour se requinquer et mieux les mettre en crise. Aujourd’hui, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, en guerroyant sans discernement contre Gbagbo, boudent des chefs d’Etat africains auxquels ils comptent pourtant s’adresser dans les semaines et les mois qui viennent, afin de plaider leur cause. Ils rapprochent inexorablement du chef de l’Etat ivoirien un Guillaume Soro qui a besoin de motifs de rupture acceptables.

Que dire de la France ? En première ligne au début du conflit ivoirien, toujours très impliquée militairement, elle se banalise. Comme les Etats-Unis et la Chine, elle n’était représentée que par un ambassadeur, laissant aux Africains le bénéfice politique d’une paix où ses choix ont été – c’est une litote de le dire – très contestables. Moins d’arrogance et d’amertume auraient conduit Nicolas Sarkozy à se faire représenter au moins à un niveau ministériel, par exemple par une jeune Franco-Africaine à la Rama Yadé. Paris n’a jamais su arrêter les frais. Au Rwanda, après l’arrivée au pouvoir de Kagamé, la France a cru qu’elle pouvait réécrire l’Histoire avec quelques alliés au Zaïre, puis a choisi de se murer dans la négation et l’orgueil. En Côte d’Ivoire, elle prend son temps, persuadée de son incontournabilité. C’est jouable, mais c’est risqué. Très risqué.

Publicité
Commentaires
D
Cher Kouamouo,<br /> Chers Bien-aimés frères et soeurs Ivoiriens et Africains,<br /> <br /> <br /> C'est avec un bonheur réel (mais aussi avec un peu de crispation et un brin d'angoisse dus à la psychose de l'attentat, je l'avoue) que j'ai suivi la cérémonie de LA FLAMME DE LA PAIX, en direct de la Télévision ivoirienne, hier, Lundi 30 Juillet 2007, date désormais mémorable à inscrire dans les annales de la République.<br /> <br /> Oui, je puis le dire, la Côte d'Ivoire s'achemine allègrement vers la paix, après 5 annés d'intrigues politiciennes, d'illogisme international et d'incurie politique de l'opposition civile ivoirienne.<br /> Ceux qui doutaient encore de la bonne foi et de la sincérité du Premier Ministre Guillaume SORO dans son repentir et dans sa détermination à aller à la paix ont été servis: Un si jeune âge mais quel discours! Au point qu'il a largement volé la vedette au Président GBAGBO, rendu presqu'hystérique et sans mot par le bonheur et l'émotion.<br /> <br /> Ce jeune homme n'est certainement pas un saint mais il a de la suite et de la logique dans les idées. C'est une personne à encourager.<br /> <br /> Pour ma part, la plus grande preuve de sa sincérité, c'est l'absence, pour ne pas dire la désertion d'ADO et de BEDIE à cette cérémonie de la paix. Il n'y a pas preuve plus éloquente. <br /> Ils n'ont même pas fait un peu semblant, ni même essayé de faire mentir ceux qui donnent leurs mains à couper qu'ils sont contre la paix, qu'ils ont financé la guerre en Côte d'Ivoire et qu'ils préparent encore un coup sanglant contre la République. L'avenir nous éclairera mais pour l'heure le sérieux et la concentration à bloc doivent rapidement prendre la place de l'euphorie de Bouaké. Car la guerre est, certes, finie mais la crise se poursuit! Et elle pourrait nous réserver bien des surprises!<br /> <br /> Au-delà du symbole fort qu'a représenté pour nous le bûcher, c'est véritablement et dans les faits, à la réunification de la Côte d'Ivoire que nous avons assisté, par l'arrivée du Président GBAGBO, à Bouaké. C'est un déferlement humain qui s'est abattu sur le Chef-lieu de la Région de la Vallée du Bandama. Incroyable!<br /> La joie et le soulagement étaient véritablement au rendez-vous, durant au moins 3 jours, à Bouaké.<br /> Des invités illlustres ont réhaussé de leurs présences cette cérémonie: 6 Chefs d'Etat, pour dire à la face du monde que l'Afrique est capable de résoudre ses propres contradictions. En tout cas, quand elle le veut et quand elle accepte de s'affranchir de la main pesante de la France.<br /> <br /> Et que dire de la présence de celle que j'appelle la première des Houphouétistes, Madame Thérèse HOUPHOUET-BOIGNY: Une prime à la paix et à la vraie fraternité, celle qui sait taire toutes les querelles, mettre le bémol à tout orgueil pour se retrouver autour de l'essentiel: La Côte d'Ivoire.<br /> En cela, les autres prétendus "Houphouétistes" que sont ADO, BEDIE et BANNY n'ont absolument aucune excuse, mais alors aucune, de ne s'être pas rendus à Bouaké, eux qui ne résident qu'à quelques misérables centaines de kilomètres de l'ex-capitale de la Rébellion, là où des Chefs d'Etat et de Délégation ont parcouru des milliers de kilomètres pour venir honorer leur pays, les honorer, eux. Quelle cécité politique! Quel amateurisme, quelle incurie! Si ce n'est pas cela signer sa mort politique, prêtez-moi donc l'expression appropriée. <br /> D'où tiennent-ils donc leur filiation à "l'Apôtre de la paix" que fut HOUPHOUET, diantre!<br /> <br /> Les Ivoiriens en guerre ayant décidé d'aller à la paix, si une autre crise devait éclater, alors, elle ne serait pas ivoirienne! <br /> On garde un oeil ouvert!<br /> <br /> Que DIEU bénisse la Côte d'Ivoire!<br /> <br /> DINDE Fernand <br /> dindefernand@yahoo.fr
Z
Et ils seront chatiés par les ivoiriens dans les urnes et au loups; ils crieront.Et avec eux,leur radio mondiale et son commanditaire.Alors, tout deviendra limpide pour ceux qui n'ont pas voulu voir ,savoir et croire . <br /> Son nom s'appèle le temps.
F
Je suis particulièrement peiné pour Bédié et Allassane qui viennent de rater là encore une autre occasion de rentrer au moins pour une bonne raison dans l'histoire de la Côte d'ivoire. Je crois, vue la façon dont le Président a honoré Thérèse Houphouet Boigny et Seydou Diarra, je crois fermement que Gbagbo aurait fait de même pour eux. Et dans le coeur des ivoiriens, ils auraient gagnés en estime. Hélas!!! mille fois hélas!!! on ne fait pas de la politique avec la haine parce que Houphouet dont ils se reclame tant aimait dire que la politique était une saine appréciation des réalités du moment. Et je constate que en politique il faut laisser le soin à l'adversaire de se mettre hors jeu en l'y aidant un peu quand même. Mais il ne faut surtout pas le pousser par le force dehors, parce que demain, il pourrait t'être utile si le besoin (le réalité du moment) l'exigeait. Ils ne sont pas venus et je crois qu'ils ont tort. gbagbo lui, continue de faire preuve d'humilité et cela le grandi chaque jour un peu plus. "DIEU resiste aux orgeuilleux mais fait grâce aux humbles" nous disent les écritures. C'est dommage pour des gens qui aspirent à nous diriger.<br /> Quand à la France, Theo comme tu le dit, "elle se banalise" peut être aussi que nous l'avons tellement banalisé qu'elle commence à douter de ses capacités à faire la pluie et le beau temps. Dans tous les cas, elle n'a plus rien à dire dans "notre crise". Merci et au revoir. c'est tout ce qu'on pourra lui dire. Pour le reste, si elle veut on fera bien le compte un jour.<br /> je fais remarquer que BANNY NON PLUS N'Y ETAIT mais personne n'en parle. De toutes les façons c'est comme ça.
L
Souhaitons bonne route à la paix. Mais les Ivoiriens épris de paix doivent continuer à ne dormir que d'un oeil. <br /> Les ennemis de la paix sont encore en embuscade. À la moindre occasion, ils peuvent à nouveau frapper.
Le blog de Théophile Kouamouo
  • Vous rêvez comme moi d'une Afrique digne, d'une Afrique des Africains plus solide face à la violence des impérialismes ? Vous militez pour un continent démocratique et indépendant ? Moi aussi. Marchons d'un même pas.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité