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Le blog de Théophile Kouamouo
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9 septembre 2007

Des hirondelles dans la grisaille

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Période ingrate de transition que celle que vit la Côte d’Ivoire ! Les heures héroïques de la résistance patriotique contre l’hydre françafricaine sont passées. Un processus de paix librement consenti par les parties mais fragile est mis en place, et révolte par intermittences ceux qui ont espéré, aux heures de braise, une glorieuse victoire contre l’occupant et ses vassaux locaux.

Nous vivons un matin blafard. Les laideurs des nôtres qui ont profité de notre étourderie de combattants face aux «détails de l’Histoire» nous sautent au visage. La guerre a accéléré la lente décrépitude morale qui mine la Côte d’Ivoire depuis des décennies. Nous nous interrogeons. Ce combat valait-il vraiment la peine d’être mené ? A quoi ressemblera la Côte d’Ivoire après la crise ? A l’Algérie, mise en coupe réglée par les anciens libérateurs, selon certains observateurs ? A plusieurs pays de l’Afrique australe, de plus en plus forts économiquement et engagés irréversiblement sur la voie démocratique ? A la Guinée, tellement amoureuse de son «non» primordial et tellement harcelée sous Sékou Touré qu’elle en est devenue autarcique et, à certains points de vue, rétrograde ?

L’avenir est une page blanche. Demain sera ce que les plus engagés, les plus déterminés et les plus inventifs d’entre nous en feront. Un de nos combats sera d’opposer à la culture de l’embrouille, de la triche, de l’individualisme ravageur, du favoritisme, de l’irresponsabilité, une culture du mérite, de l’excellence, des rêves sains, de la dignité. Comment y arriver ?

Il me semble que le harcèlement systématique des chefs placés au-dessus du tas de contradictions qu’est la société ivoirienne en transition est contre-productif et ne peut que conduire à une sécheresse de cœur et à des désillusions qui profiteront immanquablement à ceux que les valeurs positives dérangent.

J’ai la conviction que la seule pose critique ne suffit plus et qu’il faut agir, patiemment, dans des démarches structurées à long terme, sur le corps social. Comme le dit la «vieille mère» Wêrêwêrê Liking, il faut désormais dire «oui» à notre rêve, et non dire seulement «non» à ce qui nous énerve. C’est pourquoi j’ai vécu la deuxième célébration de La Nuit de l’Excellence, jeudi dernier à l’Hôtel Ivoire, comme une belle allégorie.

La Nuit de l’Excellence est organisée par la Fondation Les Amis de l’Excellence (AMEX), créée et présidée par le ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement, Paul-Antoine Bohoun Bouabré. Au quotidien, elle est gérée par un directeur exécutif, Isaac Tapé. La Fondation AMEX repère chaque année les meilleurs élèves de troisième de toutes les DREN fonctionnelles de Côte d’Ivoire, les célèbre comme on célébrerait des «Miss», puis les suit individuellement le reste de leurs études, afin de renforcer leur ambition et leur potentiel, de leur faire se frotter aux meilleurs d’Afrique et du monde dans le cadre d’Olympiades de mathématiques et de dictée. La Fondation AMEX travaille aussi à créer une fraternité saine entre ces jeunes pousses brillantes issues de toutes les ethnies et de tous les milieux sociaux, qui se convaincront par l’expérience que le talent est individuel, qu’il n’y a pas de communauté supérieure à une autre, et qu’il est juste et bon de tendre la main sans arrière-pensée à celui qui le mérite afin de construire une Nation plus forte.

Au départ portée par son seul créateur, la Fondation AMEX a réussi à fédérer autour de son rêve de nombreuses entreprises et administrations. Elle a réussi à rallier des parrains prestigieux – de Mamadou Koulibaly à Yed Esaïe Angoran. On peut imaginer que l’Etat de Côte d’Ivoire institutionnalise son soutien à une telle initiative. On peut même penser que son modèle a vocation à s’exporter dans des pays frères, comme l’Académie Mimosifcom a été fort heureusement copiée ailleurs.

La leçon de la Fondation AMEX est claire : là où la facilité règne, devenons les évangélistes de l’effort continu et du dévouement à nos communautés. La Fondation AMEX nous souffle une intuition : si le mouvement patriotique ivoirien a été porté essentiellement par la société civile, aussi bien dans les rues que dans les amphithéâtres, sur Internet et dans la presse, le mouvement de moralisation de la société ivoirienne peut également être porté par la même société civile, par la même conspiration muette des hommes libres et ambitieux pour notre continent que nous voulons être. La Fondation AMEX interroge implicitement ceux qui, au quotidien, départagent élèves et étudiants dans le cadre des examens et concours, quel que soit le niveau auquel ils se trouvent.

Ce même jeudi dernier, le président Laurent Gbagbo et l’architecte Pierre Fakhoury ont fait découvrir à la presse le projet du futur Parlement à Yamoussoukro. Coût prévisionnel ? 100 milliards de francs CFA. Certains s’interrogent et s’inquiètent de la mégalomanie de Pierre Fakhoury. Est-ce bien raisonnable ? Cet argent ne peut-il pas servir à autre chose, comme le financement de l’éducation ? Ces questions sont légitimes. Elles doivent nourrir le débat, comme d’autres. Par exemple, peut-on reporter longtemps le transfert de la capitale, qui permettrait de délocaliser certaines activités, alors qu’Abidjan devient une sorte de mégalopole surpeuplée ? La Côte d’Ivoire ne doit-elle pas donner au signal au monde, montrer à tous qu’elle ne renonce pas à la grandeur malgré son dos courbé ?

On peut reprocher au président Gbagbo de trop choyer Yamoussoukro, alors qu’Abidjan – où vit près du quart de la population ivoirienne – se délite. Personnellement, je rêve du lancement du troisième pont, qui aurait un effet psychologique indéniable. Dans tous les cas, nous ne devons pas succomber à la dépression post-partum (ou post-crise). Demain sera un beau jour, par nos efforts conjugués.

Site internet de la Fondation AMEX :

www.fondationamex.org

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Commentaires
M
Bon je crois que je suis un peu en retard sur l'article,mais j'ai te felicité car tu es un journaliste brillant,ça personne ne l'ignore.Personnelement je t'ai connu grâce à M Konin et qui lui à faire ton éloge en ce temps.c'est vraiment dommage que deux amis deviennet des "ennemis".<br /> Toutefois j'ai suis très heureux de te savoir parler de la fondation les "Amix de l'excellence",cependant j'espère que votre different n'arrivera pas à la tête de cette ONG car à ma connaissance vous faites partir tous deux du conseil d'administration.<br /> Faites à cause de ces jeunes "excellents" et reconciliés vous.<br /> <br /> NB: Mon texte est improvisé et n'a pas beneficier d'une relecture donc ne me juges pas à partir de texte<br /> Cordialement
A
Salut Théo ! <br /> <br /> Je suis une de tes ferventes lectrices et admiratrices. J'ai arrêté d'acheter le Courrier d'Abidjan depuis le mercredi 5 septembre dernier. C'était ma manière à moi de protester contre l'imposture. Je me demandais comment un des meilleurs journalistes de la presse écrite ivoirienne pouvait laisser passer des choses comme celles que j'avais lues dans l'édition du mardi 4 septembre 2007. En effet, dans la rubrique "Le Courrier du jour", j'avais lu "l'analyste ivoirienne Mahalia Nteby...". Tous les petits internautes savent que Nathalie Yamb alias Mahalia Nteby est une demoiselle très proche de Mamadou Koulibaly "l'intellectuel et l'homme privé...". Elle est tout sauf ivoirienne. Elle est venue en côte d'Ivoire pour son boulot chez MTN et non pour être spécialiste de la géopolitique ivoirienne. Je doute fort qu'elle puisse dans son pays le Cameroun parler ainsi du président de la république et du président de l'assemblée nationale. Dans son interview, elle exacerbe un conflit qui n'existe peût être pas. "Danser sur l'estrade avec les rebelles" est un choix de paix et de pardon. La vengeance et la haine ne favorisent et ne construisent rien. <br /> Je me suis posée des questions sur mon rédacteur en chef préféré. Ce matin, j'ai appris qu'au Courrier d'Abidjan, il y a deux camps. Je comprend donc ce qui a pu se passer ou je l'imagine aisément. L'interview étant signée de Sylvestre Konin, je comprend que des dérives puissent exister sur mon journal préféré. <br /> <br /> Je viens donc t'encourager à tenir ferme mon cher Théophile. Ne cède à aucune pression. Le Courrier d'Abidjan c'est Théophile Kouamouo. Sans toi, ce journal n'est plus le même. <br /> BON COURAGE AMI.<br /> AMY
T
Critique tout à fait fondée en ce qui concerne les palais anciens et nouveaux de Yamoussokro...<br /> Voilà pourquoi il faut se féliciter des initiatives comme celles d'AMEX, en suggérer et mettre en route d'autres...<br /> Balle à terre face à cette hirondelle qui passe dans la grisaille! Félicitons ceux ou celles qui en ont eu l'idée et la font vivre...<br /> Bravo!<br /> Bravo aux petits bouts qui se tapent des 19 ou 20 sur 20 à des épreuves de mathématiques qui ne sont pas du tout données...<br /> Il y a une relève. Il faut la bouster!
P
Je m'étonne souvent des réponses que certains donnent des incohérences du gouvernement actuel. Franchement, on peut aimer le président actuel et pouvoir lui dire ce qui ne va pas. Le faisant, on lui permet de redresser le tir. Mais si on se met dans une situation d'acquiescer tout le temps, on se fait complice de ce qui va mal. Cela dit, on peut aimer le Président et lui dire que honnetement, un palais de 100 mds de FCFA actuellement est anachronique. Et ce n'est même pas nous qui le disons, c'est toute la classe politique au pouvoir aujourd'hui, mais enseignant hier qui nous l'enseigne. En 1990 au moment de l'inauguration de la basilique de Yamoussoukro, tous les enseignants et avec eux les "biens pensants" avaient dénoncé un projet faramineux qui permet d'affamer le peuple pour la seule gloire de celui qui était au pouvoir à cette époque. Tous les arguments militaient pour une affectation de cette somme à d'autres projet plus économiques par exemple la construction d'usine ou de le financement de l'enseignement (plus de bourse aux étudiants etc.). On ne peut donc pas concéder à ceux qui gouvernent actuellement de vouloir refaire la même erreur 17 ans après. Dites tout pour justifier ce projet, mais la vérité est que dans une période de transition comme celle que nous connaissons, on ne peut pas sacrifier le peu de ressources dont nous disposons. L'impression que ces genres de projets donnent, c'est que notre histoire se répète et qu'aucun enseignement n'est tiré de notre passé. Les futurs présidents de Cote d'ivoire doivent se garder de copier "bêtement" les anciens présidents fussent-ils Houphouet. Que chacun ait son style. Mais à vouloir faire comme l'autre nous amènerait à préférer l'original à la copie.
E
Un pays qui prétend vouloir rentrer dans le développement doit investir dans la matière grise. <br /> <br /> Cette matière grise provoquera un effet de levier économique notamment dans le domaine des services. <br /> <br /> Je crois que l'éducation, la santé sont des éléments rudimentaires et des fondamentaux nécessaires dans les 10 à 15 ans. La refonte de notre système éducatif. <br /> <br /> Et d'ailleurs, commençons à entretenir l'existant qui se meurt. Exemple, l'INPHB de yamoussoukro. <br /> <br /> Mieux vaut investir massivement dans la formation d'élites que dans de somptueux palais.
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