Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Théophile Kouamouo
Le blog de Théophile Kouamouo
Derniers commentaires
Archives
25 octobre 2007

Bozizé aussi !

centrafrique_bozize_electionsLorsque le général François Bozizé renversait Ange Félix Patassé et s’emparait de Bangui le 15 mars 2003, protégé par les parachutistes français et les soldats de la CEMAC, qui aurait imaginé que la lune de miel entre Paris et le nouveau maître de la République centrafricaine se transformerait en lune de fiel ? A priori, Bozizé avait tout pour plaire. Formé par les Français à l’école militaire de Bouar, souvent exilé dans l’Hexagone durant son long parcours de putschiste, protégé d’Omar Bongo Ondimba et de Denis Sassou N’Guesso, « piliers du bar » françafricain qui l’auraient initié à la franc-maçonnerie, secouru par des colonnes militaires bleu-blanc-rouge venues du Tchad voisin, il avait le profil parfait du « bon fils de famille », de l’allié sûr.

Patatras ! Depuis plusieurs mois, les relations entre Paris et Bangui se détériorent, allant jusqu’à rappeler les psychodrames de l’ère Patassé. Dans une interview à Jeune Afrique, Bozizé officialise la brouille, même s’il tente de la minimiser en évoquant « certains conflits d’ordre commercial qu’on a cherché, à tort, à politiser… »

Quels sont ces conflits ? Il y a d’abord l’affaire Total. « Nous avons constaté que Total réalisait des bénéfices exagérés dans le domaine de la distribution des carburants en Centrafrique. Nous avons attiré l’attention de ses dirigeants sur ce point et créé une nouvelle société mixte de distribution au sein de laquelle Total était appelée à prendre sa part. On va vers une solution ». Même si le conflit est venimeux et qu’il a s’est manifesté par un conflit à la Cour constitutionnelle, entre les pro et les anti Total.

Il y a aussi l’affaire Areva. « Nous avons signé avec la société canadienne Uramin un contrat d’exploitation des quelque 23 000 tonnes d’uranate du gisement de Bakouma. Cette convention prévoyait explicitement que l’accord du gouvernement centrafricain était un préalable nécessaire en cas de rétrocession. Or Areva s’est portée acquéreur sans notre consentement. D’où le blocage. Il est hors de question que notre patrimoine soit bradé par un jeu de capitaux à la Bourse de Londres. Le peuple centrafricain ne le comprendrait pas. (…) Nous négocions avec Areva. Ils sont venus nous voir ici à Bangui à deux reprises. Si cela n’aboutit pas, nous saisirons nos avocats, mais je ne crois pas que cela soit dans l’intérêt de ce groupe. Après tout, le Niger a imposé à Areva de nouveaux accords et la Namibie s’est fait payer un ticket d’entrée. Pourquoi pas la Centrafrique, pauvre d’entre les pauvres ? Ce serait la moindre des choses… »

Ceci explique-t-il cela ? En tout cas, les conflits se multiplient. Le 14 juillet dernier, les éléments de la sécurité de Bozizé et ceux de l’ambassadeur de France à Bangui en sont venus aux mains. Bozizé raconte. « Voici l’histoire. J’arrive à l’ambassade pour assister à la réception du 14 juillet. Une bagarre éclate entre ma sécurité et celle de l’ambassadeur. J’ouvre la portière de mon véhicule et je vois les gendarmes français en pleine altercation avec l’un de mes fils, le sous-lieutenant Franklin Bozizé. Motifs : seuls quatre de mes éléments sont autorisés à pénétrer avec moi dans l’enceinte de l’ambasssade, ce qui est à la fois insuffisant et paradoxal puisqu’on a laissé entrer auparavant, et au grand complet, la sécurité du Premier ministre et celle du président de l’Assemblée nationale, soit une vingtaine de personnes au total ! Je l’ai dit à l’ambassadeur : la responsabilité de cet incident incombe à la partie française. Suite à cette histoire, les instructeurs détachés par Paris au sein de ma garde rapprochée ont tous été rappelés. Tout cela me paraît bien disproportionné et, pourquoi ne pas le dire, vexatoire. Savez-vous que, dans les quartiers, certains exigeaient déjà que je rompe les relations avec la France ? Heureusement que je sais raison garder. »

Le président centrafricain, face aux mauvaises manières de Paris, s’est tourné vers « l’alternative », c’est-à-dire l’Afrique du Sud. « Du jour au lendemain, sans préavis, je me suis retrouvé seul ou presque, entouré d’éléments en voie de formation. Le président Thabo Mbeki, qui avait déjà donné son accord de principe fin 2006 pour dépêcher des instructeurs militaires en Centrafrique, a accepté de précipiter le mouvement et d’affecter une quinzaine de ses hommes à ma sécurité. »

Jusqu’où ira la défiance franco-centrafricaine ? En tout cas, on retrouve dans cette querelle de famille quelques éléments souvent vus dans les conflits plus ou moins ouverts entre la France et quelques-unes de ses anciennes colonies. Des conflits d’intérêt entre des pays enlisés dans une crise économique de plusieurs décennies et une ex-métropole habituée à avoir beaucoup en payant trop peu, dans un contexte de mondialisation où l’Afrique peut faire jouer la concurrence. Une méfiance et une peur du complot venant de Paris, qui se comprennent vu le passif de la Françafrique et les jeux d’alliance puis de lâchage qui font que même les « enfants de la famille » ne peuvent se permettre de dormir que d’un seul œil. Une « arrogance française » (selon l’expression des essayistes Emmanuel Saint-Martin et Romain Gubert) qui transforme la moindre contradiction en casus belli. Un étrange sentiment d’attraction-répulsion côté africain, qui rend difficile l’idée même d’une relation dépassionnée avec Paris.

Il faut pourtant dépasser le cadre des « prises de tête » hystériques pour passer à une nouvelle étape de l’histoire du rapport de l’Afrique francophone au reste du monde…

Publicité
Commentaires
F
Merci de publier le manifeste en faveur d'un dialogue inclusif en Républiqle ue centrafricaine et dont le lien est le suivant:<br /> http://www.seleka.org/dialogue_2007.htm<br /> <br /> <br /> Merci
D
tout a été dit là je pense, donc c'est une affaire à suivre et si ça évolue, on pourra pas dire qu'on a pas été prévenu.<br /> Sinon pour Bozizé, le naîf que je suis espère que ces évènements le conduiront à opter pour l'intérêt des centre africains et non celui des pyromanes du CAC 40.
K
Allez Bozizé, maintenant que tu as compris là, on fait quoi? Tu es garçon ou bien? Il faut djafoule vieu père...<br /> L'Afrique finira par se reveillé. Lorsque cette veille classe d'homme politique de l'époque coloniale s'en ira, en évitant le syndrome Eyadema, les choses ne pourront s'améliorer. <br /> Salut à tous.
L
Salut,<br /> <br /> Monsieur Bozizé a peut-être un peu trop rêvé lorqu'il était planqué dans la marre françafricaine, flanqué de ses deux Parrains-Gourous. Quelques temps après son coup d'éclat, il s'est retrouvé au carrefour que rencontrent tous les hommes politiques du Continent qui apprennent, un temps soit peu, à reflechir: choisir entre Paris et ses concitoyens.<br /> <br /> Il semble avoir pris fait et cause pour son Peuple. Nous osons, nous autres, croire que c'est le début de véritables actions d'émancipation de la classe politique centrafricaine.<br /> <br /> Mais, trainant dans les rues abidjanaises depuis...septembre 2002, je puis faire quelques commentaires. <br /> -D'abord, le terrain politique est tout sauf le lieu d'exercice de la bonne foi. Et, à l'instatr du diable qui n'accepte pratiquement jamais de perdre une âme, Paris n'acceptera jamais de perdre si facilement Bangui. Surtout qu'il a fourni les moyens humains, matériels et financiers dans l'odyssée du Sieur Bozizé.<br /> -Ensuite, après la contamination ouest-africaine (Mali, CI, Bénin, Niger), Paris ne peut croiser les bras et laisser ce virus contaminer l'Afrique centrale qui abritent les véritables notables de la nébuleuse. Et pour une action contre le régime Bozizé, ce ne sont pas les bases arrières qui manqueront.<br /> -Enfin, s'il y a une action à mener le plus rapidement possible, c'est de mettre le Peuple au même niveau niveau d'information que le cercle restreint du Pouvoir. Et donc, mener de grandes actions de communication à l'exemple des cercles sankaristes, les agoras et parlements ivoiriens en vue d'une réelle RESISTANCE du Peuple.<br /> <br /> Au reste, soyons un peu indulgents avec le Sieur Bozizé qui prend quand même des risques!
M
Merci hormheb pour cette remarque formidable. Je reste toujours perplexe quand on me parle d'"Afrique Francophone". Il n'y a pas d'"Afrique Francophone", ni d'"Afrique Lusophone", ni d'"Afrique Anglophone". Il y a l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique Centrale, l'Afrique Australe, du Nord, etc. <br /> <br /> Les identités africaines sont uniques. En temps qu'Africain, mon existence n'est pas réalité justifiée parce qu'une identité européenne est collée à mon front. Je parle bamanan, dioula, peulh, allemand, anglais, français. Alors qui suis-je maintenant? Je trouve absurde et révoltant qu'on dise de moi que je suis francophone pour la simple raison que je suis originaire du Mali. Je ne m'identifie guère à la culture française parce que je parle français. Je n'ai aucune sensibilité particulière pour la France et la culture française. Oui, je suis malien. Je suis africain. Je revendique l'Afrique. Cessez de me designer "africain francophone". Car le seul dessein ici c’est pour créer la difference entre moi et d'autres africains parce qu'une infime partie d'entre nous parlent des langues de colons européens differents. Je ne me distingue pas du nigérian, ni du mozambicain parce que je parle, entre autres langues, le français.<br /> <br /> Théo, comme dit je suis malien et je fais dépuis toujours le tour sur ton blog. Je suis content. Merci de m’avoir donner la parole. Je suis un peu impatient de lire vos articles et commentaires sur les dernières décisions de l’ONU sur la Cote d’Ivoire. Je trouve ces décisions particulièrement aberrantes et nauséabondes pour la Cote d’Ivoire et l’Afrique. <br /> <br /> Et aujourd’hui nous venons, nous africains, d’être encore une fois attaqués dans notre amour-propre d’africain: au Tchad et au Soudan des individus de basse moralité ont tenté d’enlever nos enfants africains pour les emmener dans l’enfer en France. Je suis révolté. J’ai de la nausée. Comment peut-on vouloir remplir tout un avion avec une centaine d’enfants noirs pour les emmener de force en France d’aujourd’hui où l’usage de l’ADN est loi appliquée aux immigrants noirs africains?<br /> <br /> Mohamed
Le blog de Théophile Kouamouo
  • Vous rêvez comme moi d'une Afrique digne, d'une Afrique des Africains plus solide face à la violence des impérialismes ? Vous militez pour un continent démocratique et indépendant ? Moi aussi. Marchons d'un même pas.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité