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Le blog de Théophile Kouamouo
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7 décembre 2007

Une parabole de notre époque

gbakaBusiness as usual, pourrait-on dire cyniquement avec un haussement d'épaules. Une rixe urbaine - qui a coûté la vie à un jeune homme - a opposé à Adjamé, quartier vibrionnant d'Abidjan, "chauffeurs de gbaka" (minicars de transport collectif) et forces de l'ordre, membres du CeCOS (unité spéciale dédiée à la sécurité du district d'Abidjan). Le Matin d'Abidjan raconte comment on en est arrivé là, dans son édition de ce vendredi.

"A l'origine de ce énième conflit entre le CeCOS et les chauffeurs, une brouille entre 2 agents des forces de l'ordre en civil et des responsables syndicaux et chauffeurs de la nouvelle gare de la Riviéra, connexe à la cité 220 logements d'Adjamé. Ces 2 agents, raconte Fofana Abou, responsable syndical à la gare de Texaco, ont uriné derrière un gbaka en stationnement, mercredi dernier aux environs de 16 heures. Aussitôt, le propriétaire du véhicule et les responsables des lieux ont réagi. Toute chose qui a provoqué une vive tension au niveau de la gare mais vite maîtrisée. Car, à la suite de cet incident, le travail a repris, confie-t-il. C'était compter sans la rancœur tenace des éléments des forces de l'ordre. En effet, aux environs de 19 heures, durant l'heure de pointe, 3 véhicules pick-up du CeCOS, portant les numéros, 01, 02 et 06 stationnent à la gare Texaco d'Adjamé. Tous les occupants descendent et s'en prennent immédiatement aux chauffeurs de gbakas, apprentis, chargeurs et quelques passagers... Selon lui, toutes les personnes qui avaient l'allure de ces derniers n'ont pas échappé à la furia des agents des forces de l'ordre. Tous ceux qui portaient des lèkè (chaussures à cordes en caoutchouc blanc) ont été passés à tabac, confie un apprenti Gbaka de la ligne Adjamé-Yopougon Nouveau quartier, en présentant ses blessures. Le petit Cissé Ahmed âgé de 14 ans, un apprenti débutant raconte qu'il s'est fait tabasser par 3 agents, alors qu'il faisait sa pause dans son véhicule. C'était le même sort pour ceux de la gare de la Riviera où l'incident s'est produit. Leur cauchemar a duré jusqu'à 22 heures. A Texaco, selon M. Fofana, 6 chauffeurs ont été grièvement blessés et de nombreux civils, apprentis et chargeurs blessés".

Ce que je constate, c'est que :

- des agents de la force publique se livrent à un délit banalisé à Abidjan en urinant n'importe où. Comment peut-on respecter les hommes en tenue, représentants de l'Etat, si eux-mêmes ne se respectent pas et bafouent la règle de droit et les règles d'hygiène et de salubrité publique élémentaire ?

- les "professionnels des gares", comme à leur habitude, se sentent légitimes à exercer la "violence légitime" dans "leurs" zones, alors qu'ils méprisent au quotidien les droits élémentaires des usagers ordinaires.

- les deux corps se livrent à des règlements de compte dignes des guerres de gang, où l'orgueil mal placé ne saurait se cacher derrière le dolorisme des "persécutés" ou la prétendue volonté de faire respecter un Etat maltraité aussi bien par ses serviteurs que par de nombreux citoyens ordinaires sans éducation civique.

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Commentaires
E
Salut,<br /> <br /> Je crois que l'on n'a pas besoin de soutenir une Thèse sur Freud pour comprendre cette ènième crise. Les préjugés, la compartimentation (de fait) de la cité ivoire, les conflits antérieurs mal digérés ont suscité ce coktail. De quoi s'agit-il?<br /> <br /> Les éléments des forces de défense et de sécurité sont persuadés que les tenants de ces gares constituent une autre colonne de la nébuleuse qui a endeuillé plusieurs de leurs familles. D'ailleurs, nombre d'éléments actifs du côté de Bouaké sont sortis de ces milieux-là. A ce titre, toutes les occasions sont bonnes pour leur démontrer que la FORCE se trouve de leur côté.<br /> <br /> Les éléments des gares sont persuadés que nos FDS sont essentiellement composées de poltrons escrocs qui n'ont eu que leurs jambes pour fuir quand ils s'en sont pris à eux le 19 septembre 2002. Pis, ils sont persuadés de bénéficier des soutiens politiques adéquats pour assurer le relais de tout ce qu'ils subissent. A ce titre, toutes les occasions leur paraissent bonnes pour se mesurer aux FDS et, partant, tenter de fragiliser un temps soit peu, le régime en place.<br /> <br /> Tous les éléments sont ainsi réunis pour que la moindre bévue se transforme en conflit ouvert. Si le temps me le permet, j'essaierai, à partir de la théorie classique du dialogue social, d'apporter quelques éléments de reponse en vue de la prévention de pareils conflits.
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